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L’été, en vacances ou pas, chacun troque ses habituels soucis pour de nouvelles activités. Et puis, on fait moins dans le gros rouge … On passe au rosé ou à l’anisette, et on reste à la bière.

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– Hein Paulo, c’est chouette l’été !
– Je veux ! Plus besoin d’se battre pour réserver une place dans un foyer, ou une bouche d’égout pour la nuit. Y’a tout plein de jardins et même des fontaines pour s’laver !
– T’as raison ! Fini le collé-serré et les conversations baladeuses.
– Ouais ! Toute façon, l’été dans les gymnases et les écoles, y’a que des gens qui parlent pas français.
– Et puis, Georgette, dormir à la belle étoile, c’est-y pas plus romantique ? Hein ? … Surtout que maint’nant, on a les experts.
– Les experts ?
– Ben ceux qui nettoient l’vomi, qui jettent à la poubelle les détritus et les étrons. Des experts, j’te dis !
– T’as raison ! Y z’enlèvent même les mégots et les seringues. Comme ça les parasols et les matelas peuvent refleurir comme au printemps. C’que c’est bucolique …
– Oh la la, repasses-moi donc le litron, ma Georgette ! On n’dit pas bucolique mais alcoolique.
– Tout de même, mon Paulo, c’est-y pas chou de voir ces minots faire de si jolis tas d’sable … Tu vois, ce qu’y a d’bien l’été, c’est que chacun a son nouveau terrain d’jeu. Par exemple, y’a des visites organisées dans les apparts, et même dans les grandes villas de riches. C’est fou c’que les gens peuvent abandonner quand y partent en vacances !
– Y parait qui y’en a qui préfèrent aller à la pêche dans les parkings municipaux ou les aires d’autoroute.
– Quelle drôle d’idée ?!
– Ouais, mais c’est bien aussi… J’dirais même que les autoroutes, c’est les rivières des temps modernes.
– Oh mon Paulo, comme c’est beau c’que tu dis ! T’es un vrai poète.
– Seulement, y faut bien suivre le courant pour espérer une pêche miraculeuse.
– En fait, c’que tu m’racontes, c’est rien qu’une question d’bon sens.
…
– Et ben moi, la voiture ça m’fait penser à la liberté.
– Ouais, en un sens c’est pas faux ! Mais j’n’ai pas de permis. Et s’libérer, j’suis d’accord, mais il faut tout d’même rester prudent !
– Pour sûr, faut toujours savoir rester raisonnable. D’ailleurs, pour c’qu’est des virées entre potes, moi j’te le dis, y faut éviter les balades en Berlingo.
– Ça c’est bien vrai, ma Georgette. Et tu vois, l’été aussi faut pas tenter d’nager au grand large. Tu sais bien, toi, qu’la baignade est interdite. Et ben c’est tout pareil pour les potes qui sont de l’aut’côté d’la mer… C’qu’est vraiment dommage, c’est qu’y a personne pour les prévenir.
– Ça c’est bien vrai ! … Quand même, c’est mieux d’aller à une réunion sur la plage pour jouer au Légo.
– L’ennui, c’est qu’y faut pouvoir y aller. Et pis, des fois t’arrives en kit et pas toujours où t’aurais voulu.
…
– Tu sais ma Georgette, moi j’pense que l’été, c’est surtout fait pour se reposer… Tiens, même pour ceux qui font semblant de travailler beaucoup et qui doivent toujours avoir un truc à dire. C’est vrai, pourquoi y devraient s’occuper des affaires des autres ou pécher le dessert, quand la chaleur ramollit les neurones.
– Oh Paulo, arrêtes donc un peu la bibine ! Tu finis par dire n’importe quoi. On dit pas pécher le dessert, mais prêcher dans le désert…
– T’es sûre ? Ben quand même, moi j’dis que ce serait l’occasion pour eux de s’faire discrets. Et pis faire comme nous… Y devraient jouer à monsieur ou madame « normal ».
– J’suis d’accord ! Mais y’a quand même des trucs à pas rater.
– Ben quoi par exemple ?
– Les trucs sympas, du genre « j’y suis pour rien mais c’est une bonne nouvelle » ! Mais pardon, … pour se faire oublier, c’est du grand art… Y faut pas s’faire repérer dans les endroits chics. Sinon, ça fait trop jaser.
– Ou alors, tiens, ceux qui grossissent y pourraient en profiter pour faire du sport.
– Y’en a mon Paulo des sportifs ! Mais là aussi, faut pas faire n’import’quoi ! Tu vois par exemple, le vélo, c’est plus très à la mode ces temps-ci.
…
– Remarque, à l’inverse, l’été c’est tout d’même bien pratique pour les besogneux.
– Ben tu penses à quoi, mon Paulo ?
– L’été, tu peux faire des trucs en douce, alors que tout l’monde a la tête ailleurs.
– Nan … Pas possible !
– Si, si, j’t’assure… Y’a des spécialistes, des forçats d’la combine qu’en profitent pour concocter des mesures pas claires, quand les autres y sirotent leur pastis !
…
– En attendant, moi j’suis plutôt de l’avis d’La Fontaine…
– De qui ?
– La Fontaine ! Tu sais, celui qu’a raconté l’histoire d’la cigale qui chantait tout l’été et qui faisait la bise à la fourmi quand l’hiver fut venu.
– Connais pas ! Tu vois ma Georgette, pour moi, l’été c’est comme un tapis. T’en soulèves un coin, et t’y glisses tes soucis et ta misère. Et j’vais te dire, … gare à celui qui à la rentrée aurait l’idée de l’soulever… Remarqu’bien, après les vices habitudes de l’hiver, y’a t’y pas l’grand nettoyage de printemps ?
– Les vicissitudes, mon Paulo, les vicissitudes …

*****  

Un jour, j’ai été
Là, je me suis endetté
Pour tous les étés

J’ai tout oublié
Jusqu’à ma propriété
Ma notoriété

On m’a répété
« Inutile de t’inquiéter »
Puisque c’est l’été

Mais dès le retour
Au gré des carrefours
C’est pas du velours !

Car sous le tapis
C’est toute cette vie, qui…
Me met en copie

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