“La prostitution marcherait moins bien si les hommes n’avaient pas besoin de se confier à tout prix.” (Frédéric Dard)
Ce mercredi nos chers députés ont voté une loi introduisant la pénalisation des clients de prostitués (H/F). J’écris « chers » car cette loi est passée avec 64 voix pour et 12 contre. Deux ans et demi de débats (passionnés, nous dit-on) pour que 76 élus sur 577 votent ce texte … Mais ceci est un tout autre sujet.
D’après ce que j’ai compris, ces nouvelles dispositions légales dissuasives permettraient de régler les principaux problèmes liés à la prostitution. En gros, il s’agit de verbaliser les clients et de déclarer « victimes » les personnes faisant commerce de leurs corps. À ce titre, elles ne seront plus verbalisées pour racolage passif sur la voie publique, et puisque les clients deviendront rares, tout effrayés à l’idée de payer une grosse amende et de voir leurs turpitudes inscrites sur leur casier judiciaire, de fait, la prostitution disparaîtra et les souteneurs n’auront qu’à s’inscrire à « Pôle-emploi ». Et pour faire bon poids, l’État prendra en charge la réinsertion des repentis dans la société (titre de séjour si besoin, aide psychologique, soutien financier et attribution d’un logement). Et voilà, tout est bien qui finit bien !
L’explosion du commerce du sexe sur internet ? La prostitution en appartement ? Les maisons clandestines « d’abattage » ? Que nenni ! Pour peu que ces endroits existent, et que les clients viennent à les trouver, les policiers pourraient tout aussi bien les débusquer et les fermer. CQFD !
Nous sommes donc devenus le 5è pays européen à adopter un système instauré en Suède depuis 16 années. D’ailleurs, les arguments suédois sont repris mot pour mot par les partisans français de la pénalisation des clients : « la loi vise à promouvoir l’égalité entre les hommes et les femmes, à diminuer les chiffres de la prostitution et à réduire la traite. Les personnes en situation de prostitution pourront bien plus que par le passé être protégées, poser leurs conditions aux clients et porter plainte contre les agressions ». Puisqu’on vous le dit ! … Malheureusement, un rapport suédois occulte vient de dénoncer les effets pervers de la pénalisation des clients Mise en application pour protéger les personnes prostituées, elle ne fait que détériorer leurs conditions de vie et les mettre en danger par la précarisation et la clandestinité de leurs activités encadrées par des réseaux mafieux. Pire encore, elle a conduit à la stigmatisation des personnes se prostituant aux yeux des citoyens, de la police et des politiques. Pourquoi ? Parce que les braves gens ne comprennent pas que ces personnes prostituées n’ont pas cessé de l’être depuis 16 ans.
Mais n’ayons crainte, en France, aucun risque que ce types de dérapages surviennent. Nous ne sommes pas du genre à stigmatiser !
J’ai tout de même un doute quant au raisonnement de nos édiles, lorsque j’observe en comparaison celui qui, à l’inverse, semble poindre quant à la lutte contre la consommation et le commerce de cannabis.
Aujourd’hui, le consommateur est passible de lourdes peines d’amende et d’emprisonnement, mais bizarrement 7 à 8 millions de français sont adeptes réguliers du joint et 14 millions seraient des consommateurs occasionnels.
Voilà donc un constat qui appelle à nouveau une logique implacable : puisque le nombre de contrevenants est en très forte augmentation, puisqu’il existe des zones de non-droit dirigées par des bandes de trafiquants, puisque la lutte pour le contrôle des territoires donne lieu à des règlements de compte incessants, et puisque le nombre élevé de policiers mobilisés ne permet pas de faire respecter la loi, cela tombe sous le sens : il faut dépénaliser la consommation de cannabis et encadrer la vente des joints !
Les aspects positifs seraient fantastiques : Selon l’adage que ce qui est permis présente moins d’attrait, les gens fumeraient donc moins. Puisque fumer plus qualitatif est moins nocif pour le corps, les dépenses publiques de santé seraient moindres.
L’État pourrait libérer les effectifs de police pour d’autres missions (la verbalisation des clients faisant appel aux services de personnes se prostituant, par exemple), et grâce à l’encadrement de la vente, il toucherait quelques taxes supplémentaires tout en éradiquant les trafics et les luttes de territoire. Et enfin, les filières de l’extasy, de la cocaïne, du LSD et de l’héroïne étant bouchées, les trafiquants de cannabis en mal d’idées de reconversion n’auraient plus qu’à faire la queue à Pôle-emploi. CQFD !
Deux soucis de société et, vous en conviendrez, malgré un parallèle apparent, deux traitements radicalement opposés…
Comme vous avez raison de m’objecter avec véhémence que la consommation de cannabis n’a rien à voir avec le recours aux services d’un(e) prostitué(e). Ah ça, suis-je bêta ! Pourquoi n’y avais-je pas pensé plus tôt ? La différence est criante : les effets du Haschich durent bien plus longtemps que ceux d’un coït tarifé !
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L’inspiration de Didier Regard
Toujours interdire
C’est pas pour dire
Mais ça fait pas rire
Que restera-t-il ?
De nos libertés subtiles
Un rien rétractiles
Ne pense pas !!!
Ne fais pas !!!!
Tu risques le faux pas
Tout n’est qu’ennui
C’est là où je m’introduis
Et j’en ai l’usufruit
Que me reste-t-il ?
La possibilité d’une île ?
Où mes rêves se distillent
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