Durée de lecture : 4mn 10s
Comme s’en souviennent peut-être les fidèles de ce blog, au Printemps et en Automne, je fais retraite au monastère de Ganagobie.
Et alors, me direz-vous ? … Alors, j’en reviendrai demain !
Et comme il m’était impossible de ne pas vous confesser mes activités de la semaine, j’ai squatté l’accès internet du monastère pour vous envoyer ce billet. N’ayez crainte, point de radotages ni de lieux communs. Un rien, une bêtise … la,la,la,la, … madame la Marquise, … une simple anecdote.
Figurez-vous qu’en toute fin de semaine dernière, alors que je venais d’annoncer à l’un de mes proches que je partais faire une retraite, celui-ci me fixa d’un air perplexe, tout en me posant la question suivante :
« Une retraite ? Mais pourquoi faire ? … Et au juste, cela t’apporte quoi ? ».
Touché au plus plafond de mon orgueil, j’aurais très bien pu lui répondre : « rien ! ».
Cependant, baptisé par le feu des réactions déjà engendrées, une réponse millimétrée fusa à son attention. Et visiblement, celle-ci lui convint parfaitement, car il ne chercha pas à en savoir davantage. En clair, il trouvait la chose adéquate pour moi, et tout à fait inepte pour lui !
Mais contre toute attente, quelques minutes après qu’il soit parti, je me suis surpris à me poser cette même question.
C’est vrai, pourquoi suis-je fidèle au point de retourner toujours au même endroit ? Je pourrais au moins en profiter pour effectuer une visite touristique des monastères de ma région, où il existe pléthore d’endroits magnifiques. Sur ce point, je suis certain que même les plus réfractaires à toutes « bondieuseries » ne me contrediraient pas : il faut bien reconnaître que, moines de toutes obédiences, et autres adeptes de la zénitude, ont toujours eu bon goût quant à leurs lieux de villégiature.
Alors oui, pourquoi faire ? En moins d’une minute, d’une évidence assumée, je suis passé à un véritable questionnement intérieur dont voici en quelques mots, non pas la genèse, mais la conclusion.
L’un des bienfaits majeurs et incontestable, tellement il est vérifiable à l’œil nu dès mon retour, est la régénération physique. Mais quel rapport, me direz-vous ?
Et bien ici, la modernité d’un monde en accélération perpétuelle n’a pas de prise sur moi et encore moins sur mes hôtes :
– ni téléphone, ni internet (ou presque), plus de sollicitations intempestives ;
– les journées sont rythmées par les offices fixés depuis des lunes, sans heurts et sans surprise ;
– aucune angoisse quant à savoir ce que je vais devoir faire dans une heure, un jour ou même sept.
De surcroît, le fait de mettre mon cerveau au repos, en le centrant sur une unique pensée ou une tâche précise, est un exercice visant à vivre l’instant présent à nul autre pareil.
Et pourtant, ce sont des semaines où mon corps est diablement plus sollicité qu’à l’habitude. Imaginez-donc les multiples allers-retours entre ma cellule, l’église, ou encore le réfectoire.
Je pressens que déjà quelques-uns d’entre vous se gaussent, (pardonnez mon optimisme), gentiment.
Mais non, je suis très sérieux ! Rendez-vous compte : 5h / 7h / 9h / 12h / 13h45 / 17h30 / 19h / 20h15 et aussi, assis, debout, assis, debout, … Je suis une kiné d’enfer ! (Euh … « suis », du verbe suivre bien sûr).
Je vous assure qu’à 21h30, je n’ai aucun mal à trouver un sommeil des plus réparateurs. Tout cela m’apaise mieux qu’une bonne dose de Valium. D’autant plus qu’entre les offices, les chants grégoriens, les prières et les repas, lorsque j’ai enfin réussi à faire silence, en paroles et en pensées inutiles ou/et ineffables, il reste encore tant de questions…
Tenez, par exemple, un désormais grand classique : d’où venons-nous ? Où allons-nous ?
Il serait si simple que je me satisfasse des réponses de la science qui s’arrête au « comment ». Que nenni ! Où donc trouver la réponse aux « pourquoi, et « pour quoi », si ce n’est en moi-même?
Sans compter que sous couvert de ces deux questions, se cachent évidemment, la recherche de la Vérité, de la foi en Dieu, et même celle de ma propre conscience. Des interrogations où ma pauvre raison humaine a peu de chance de réussir à répondre seule, à moins que j’affectionne soudain le sens du raccourci ou que dans un moment de grande distraction, Dieu m’en préserve, je m’essaie au cannabis…
Résultats de mes cogitations ?
Tout d’abord, j’ai habilement cherché à approfondir mes connaissances sur la Raison humaine, la Révélation divine, et aussi sur le sens de la création du cosmos … Un survol bien tenté pour escamoter des sujets trop impliquant … Mais, un souffle divin réussit à dissiper le brouillard complice tombé sur la cellule de 4 m2, … euh non, de quelques milliers d’hectares,
et me polarisa sur ce que devait être ma quête de cette retraite, à savoir : pourquoi, diable, ai-je la tentation de déroger si souvent aux convictions et aux fidélités qui pourtant m’engagent ? – pour ceux qui sont perdus, c’est rapport à ma conscience -:)) –
Bon, comme vous le voyez … il est long le chemin !
D’ailleurs, pourtant bien loin d’être comparable à un chemin de croix, à l’heure où j’écris ce billet d’humeur, je progresse encore très lentement, posant mes pieds nus avec hésitation sur les divers pierres et rocailles, symboles de mes incompréhensions – Aïe ! –
Mais alors, mise à part me blesser la plante des pieds, faire une retraite, cela m’apporte quoi ?
Et bien, moi qui ne suis guère plus capable de courir, (comme vous l’avez sûrement constaté, j’aime bien les images, et si j’osais … les paraboles), je peux dire sans conteste qu’une retraite me sert à passer une semaine à faire de l’exercice dans une salle de sport.
Parfaitement, une salle de sport ! ou si vous le préférez, un lieu :
– où je muscle mes cuisses, mes jambes et mon dos, et où j’élimine l’acide lactique tout en fortifiant mon coeur et mon cerveau ;
– où je m’adonne à une discipline sans limite, celle de donner un sens à mon existence en recherchant le pourquoi des choses et de la vie, la vérité et le bonheur. « Cette recherche qui fait la grandeur de l’homme, et son impuissance à la satisfaire qui fait sa faiblesse » (Anonyme… mais comme j’aurais aimé écrire cette phrase).
… Et puis accessoirement cette semaine, aux soirs des 3è et 4è jours, hasard ou Providence, deux messagers m’ont délivré un même message … Et puis, pour qu’il soit mieux ancré en moi, il y a eu cette phrase, lue au matin du 5è jour : « celui qui écoute et ne met pas en pratique est semblable à un homme qui a bâti une maison sur la terre meuble, sans fondations… Soudain elle s’écroule » (Jésus Christ).
… Et sinon, j’ai raté quelque chose cette semaine ? Ou bien …
*****
Cela t’apporte quoi ?
Je ne peux qu’en rester coi
Car c’est juste pour moi
Une question de foi
Et il n’y a pas débat
Tu vois, c’est comme ça …
Découvrez la suite de l’illustration poétique de Didier REGARD
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Le 6 novembre prochain, vous pourrez découvrir « Amour, couleuvres et langoustes« , la prochaine Nouvelle que je publierai sur ce blog.
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Bernard Lamailloux
/ 19 octobre 2014…Comment ? …Si tu as raté quelque chose cette semaine ?… De toute façon, quand cela serait, ce ne serait que roupie de sansonnet à côté de ce que tu as trouvé, j’en fais le pari 🙂 Bonne fin de ‘Weekend Pascal’ !
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Jacques Gandilhon
/ 20 octobre 2014Nous nous sommes rencontrés à Ganagobie , j’aime aussi y faire retraite , je ne saurai dire pourquoi . Tu l’exprime mieux que moi , c’est toujours une RENCONTRE avec Dieu , avec moi et parfois avec toi….et c’est formidable ….
Jacques Gandilhon
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pascalaunay
/ 21 octobre 2014Bonjour Jacques et quel plaisir de te lire. Un an et demi déjà, comme le temps passe …trop vite !
J’espère que nous aurons le plaisir de nous recroiser là-bas. À très bientôt.
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