Il y a des poignées de mains magnifiques, pleines d’espoir tant elles ouvrent des perspectives fantastiques, ou qui scellent un succès après des années de négociations et de combat.
Il en est des respectueuses, longues et appuyées, entre des personnes qui s’apprécient et s’estiment.
Il en existe des viriles, des vigoureuses et des musclées, qui soulignent une solide amitié.

Et puis, il y a des poignées de mains qui s’apparentent à des bras de fer, des épreuves de force aux allures de confrontations de chevaliers des temps modernes.
Ce sont de véritables duels, des combats de coqs sans ergots ni becs acérés. Ces poignées de mains n’en sont pas moins féroces. Ce sont de pures agressions, semblables à des « gestes de domination d’un mâle alpha » envers « l’oméga », comme aiment à le souligner des experts patentés . À moins que, … À moins que ce ne soit simplement un moyen de montrer que l’on en a une plus grosse que l’autre… une plus grosse personnalité, bien évidemment.
Les mâchoires sont alors serrées, les sourires grimacent tandis que les phalanges blanchissent et que des secondes interminables n’en finissent pas de s’écouler. Les yeux plantés dans le regard de son adversaire, ils guettent l’apparition d’une faiblesse et qui sait, la volonté de se dégager de l’autre pour mieux s’agripper et ainsi forcer son avantage.
Un match nul annoncerait le début de relations impitoyables, mais malheur à l’infortuné qui baisserait le premier les yeux, mis en déroute et peut-être même humilié, tellement la situation a été gênante, il regagnerait son coin de ring la tête basse, et chercherait sans doute à ôter la banderille plantée au coeur de son orgueil, la tête déjà pleine d’idées de vengeance.

Ces poignées de mains-là, madame, monsieur, ces poignées de mains font le tour du monde en quelques secondes. Les commentateurs de tout poil, les as de la PNL (Programmation Neuro-Linguistique), les coachs en intelligence relationnelle, les experts en gestuelle, et même les mentalistes se perdent en conjectures, car tout ce cirque ne peut être innocent. Du sens et une intention, voilà ce qu’il faut trouver absolument !
Alors, il faut tout observer. La poignée de main ne se suffit pas en elle-même : qui a tendu la main en premier ? Paume ouverte vers le haut en signe d’invitation ou vers le bas pour dominer? Qui scrute son homologue droit dans les yeux ? Qui va détourner le regard en premier ? Qui penche la tête à gauche, en signe d’ouverture ? Mais lequel avait les mains moites, chaude, ou froides ? Lequel a posé sa main gauche sur l’épaule de l’autre ? ah oui ! la position des épaules…

Ce qu’ils se sont dit ? On ne sait pas, mais quelle importance !
Seulement, ….. Seulement, gare au vainqueur tenté de bomber le torse et de fanfaronner ! Il existe bel et bien des poignées de mains qui, à défaut de rompre la glace, peuvent réchauffer la planète.

En tout cas, en Provence, nous avons résolu le problème : homme ou femme, nous nous embrassons !

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Et toujours, l’inspiration de Didier Regard 

Avec mes moignons
Je ne donne plus de gnons

Mais, je ne serre plus de mains
C’est plus difficile pour les câlins

Plus de gant de velours
Un seul regard en retour

Je ne te touche plus
Tu ne me touches plus

Nous nous fixons
Recherchant  la bonne humiliation

J’attends que ton regard
Baisse devant moi avec égard

Je n’ai plus rien à te tendre
Seuls mes yeux pour te prendre

Tu peux avoir pitié
D’un pauvre amputé

Qui te défie pour gagner
Dans un bras de fer insensé

Mais, sans avant bras
Pas de chocolat !!!!

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