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Bristol, vendredi 4 juillet 17h00.
Je n’avais jamais assisté à un match de football dans un pub anglais. Vraiment, c’est une expérience à vivre.
Et pour ceux qui seraient passés à travers ou auraient été soudainement frappé d’autisme, ce soir, c’est Coupe du Monde. Un quart de finale, et précisément, France-Allemagne.
Je marche gaillardement aux côtés de mon fils. Dans quelques minutes le coup d’envoi va être donné. La rue piétonne est calme et quasiment déserte. Quelques drapeaux sur une façade, pas de filtrage ni de grands malabars devant la porte grande ouverte.
Nous nous engouffrons à l’intérieur du Pub où une partie de la communauté française de Bristol s’est donnée rendez-vous.
L’établissement au rectangle parfait est bondé, au point qu’il faut jouer des coudes pour se faufiler à l’intérieur.
Le niveau sonore me saisit dès l’entrée. Les bribes de conversations et les rires rivalisent avec les commentateurs de la BBC qui, eux-mêmes, poussent leur organe vocal à la limite du hurlement pour couvrir le grondement des 70.000 personnes présentes au stade. Waouh ! On s’y croirait.
Le bar court sur l’une des largeurs, deux vidéoprojecteurs projettent les images du match sur les côtés opposés, et quel que soit l’endroit où vous auriez l’idée, même saugrenue, de poser les yeux, une télévision ne vous fait rien rater de l’action.
Quelques tables basses et des chaises dans deux petites alcôves et aux extrémités du pub, trois ou quatre meubles de bar entourant les piliers qui soutiennent vaillamment la voûte, voilà tout ! La majorité des amateurs de ballon rond est debout.
J’imagine un court instant ce que pourrait être l’ambiance s’il s’agissait d’un match concernant des équipes anglaises, ou même, d’un match de rugby, et je me dis que nous devons être toutefois bien en deçà des vibrations pouvant régner dans ce temple, somme toute, très convivial.
Bien sûr, la bière coule à flots en unique breuvage, mais je suis surpris : pas tant que cela.
Des hommes en majorité, mais aussi des femmes ; la trentaine, voire moins. Il y a là, des anglais, des français et des allemands. Certains ont trouvé le temps de se changer rapidement pour endosser le maillot de leur équipe préférée, mais la majorité doit certainement sortir tout droit du travail.
Le match a démarré, la pression monte doucement dans les têtes et dans les verres aussi, tandis que de rares hamburgers frites s’égarent hors de la cuisine.
L’équipe allemande marque un but après 13 minutes de jeu.
Des cris, des applaudissements, une baisse d’intensité sonore à peine perceptible un court instant, mais pas encore d’inquiétude.
Le temps défile et je laisse mon attention s’attarder régulièrement sur la salle. Les groupes réagissent à chaque action dangereuse, à chaque faute commise. Mais, ni injure, ni violence, ni haine. Décidément, l’atmosphère tranche considérablement avec celle que l’on peut vivre dans un stade.
La mi-temps survient. L’équipe de France est menée 0-1.
Le cœur du Pub s’est vidé dès le coup de sifflet de l’arbitre.
Tiens, au Pub, pas de pub !
À l’instar des joueurs, c’est le moment de souffler. C’est la pause, toilettes, buvette, pipelette et cigarette.
Mais il est déjà temps de se reconcentrer, le jeu reprend au Maracana.
Au fur et à mesure que les minutes s’égrènent, j’entends les cris, les oh, les soupirs, les apnées et les déceptions. Et puis, peu à peu, je vois les regards inquiets se tendre vers les écrans géants jusqu’à étirer les muscles du cou au maximum de leur élasticité.
C’est étonnant le comportement d’une petite communauté.
Les supporters allemands discutent entre eux ; ils sont presque distraits, voire même insouciants plus l’issue du match approche. Tout se passe comme s’ils avaient déjà compris que leur équipe maîtrisait suffisamment les débats pour qu’elle ne soit plus mise en difficulté qu’à la marge. Enfin, presque. Il est en effet impossible de ne pas surprendre quelques coups d’œil soucieux et des sourires soudain crispés.
De leur côté, les français se sont regroupés instinctivement au point que le centre du Pub est devenue une « Petite France ». Cela faisait bien longtemps que je n’avais pas vu des français aussi soudés, plus exactement solidaires – n’ayons pas peur des mots – mais en aucune façon résignés, et tout au contraire plein d’espoir. À chaque initiative prise par un joueur, une responsabilité assumée, celui-ci obtient immédiatement une attention toute particulière, une adhésion pleine et entière. Sent-il, qu’à ce moment précis, toute une France souhaite sa réussite ?
Allez, inutile de poursuivre plus avant mon étude d’anthropologue à deux balles. Vous avez certainement compris où je souhaitais en venir…
Le match est terminé, sans que le score n’ait évolué.
Des cris de joies, des applaudissements et au milieu, un grand silence.
Le Pub se vide à nouveau.
À la sortie de l’établissement, un monsieur d’un certain âge, manifestement le propriétaire des lieux, nous salue en nous remerciant de notre visite. So british !
Une bonne cinquantaine de personnes s’est naturellement retrouvée à l’extérieur.
Évidemment ce n’est pas l’ambiance des grands soirs. Il y a même quelques larmes. Certains refont le match, d’autres se demandent s’ils vont enchaîner avec le prochain.., des fois que le Brésil nous redonnerait du baume au cœur. Et tranquillement, convaincu que la France est finalement à sa place, le groupe se disloque.
… Tout de même, quel beau début de soirée ! Merci mon fils !
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MERCREDI, je mettrai en ligne l’une de mes nouvelles : « Clair de Lune ». C’est imminent !
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