Il a fallu qu’un journaliste jette en pâture sur la place publique un chiffre – 4,5 millions de dollars – pour qu’il soit désormais difficile de persister à nous prendre pour des imbéciles.
Et oui, la libération d’un otage a un prix. Et non seulement les terroristes du monde entier ont appris depuis bien longtemps à négocier, mais ils savent également se communiquer le dernier cours en vigueur.
Car, si certains en doutaient encore, c’est la base : on prend un otage pour obtenir une rançon !
Pourquoi cette évidence n’aurait été réservée qu’aux rapts dits crapuleux ?
Terroristes ou pas, seul le prix diffère selon les cas : une nouvelle source de revenus, un réseau à entretenir, un attentat à financer, des compagnons de lutte à libérer, un combat à médiatiser… La liste des motivations est malheureusement longue.
Et lorsque par malheur un otage meurt, c’est le plus souvent parce que sa santé ne lui a pas permis de tenir le coup, ou que les kidnappeurs avaient besoin d’être pris au sérieux pour d’autres actions scélérates, ou encore plus simplement, parce que les deux parties ne se sont pas mises d’accord sur un prix à payer.
Et oui, il y a toujours un prix à payer !
Mais cela fait des années qu’on nous le jurait haut et fort, la main sur le cœur, nous regardant droit dans les yeux : « Mais non, mais non, la France ne paie pas de rançon ! »
Les Présidents et les Ministres des Affaires Étrangères de tout bord ont toujours été formels devant la meute de caméras et de micros présente sur le tarmac de l’aéroport du Bourget : les otages français ont été libérés grâce à un savant dosage de fermeté, d’interventions feutrées, et de savoir-faire dans la gestion des crises…
Personne ne peut pourtant manquer de remarquer que les dates de libération tombent très rarement mal à propos. Dame, il ne faudrait pas rater une si belle occasion !
Dans la libération, tout est bon ! Que ce soit conforter une image d’homme fort, remonter une cote de popularité en berne, peser sur une élection mal engagée, conforter une image d’homme fort et respecté, … un homme pro-vi-den-tiel mais qui sait rester humble !
Pour canoniser un homme, Rome doit reconnaître sa grandeur d’âme, sa droiture et authentifier les guérisons miraculeuses qu’il a réalisés dans sa vie.
Serait-ce donc d’un saint homme, dont la France, malade de sa République, aurait besoin ces temps-ci ?
En hommage à tous les otages disparus en captivité