Cette semaine une traque sans pitié a été déclenchée afin de faire la peau à tous les signes d’oppression patriarcale. Une révolution est en marche !
Les signes, mais quels signes ? me direz-vous. Eh bien, pour tordre le cou à la domination des hommes sur les femmes, on nous dit qu’il faut commencer par le langage. À l’oral comme à l’écrit, sus aux signes !
Pourquoi ? Mais parce que le langage est l’essence même de toutes les dérives et de toutes les inégalités entre les hommes et les femmes. Le langage est le mal incarné, la source qui empoisonne les rapports humains. Mais attention ! pas de confusion. Il ne s’agit pas de la vulgarité ni même du ton que les hommes emploient pour s’adresser aux femmes. Nan, nan, nan ! Le mal, c’est les mots, les locutions et la grammaire.
Mais alors, j’y pense tout à coup : nous vivons en enfer ! Ben oui, rappelez-vous : « Au commencement il y avait le verbe ». Et si le verbe est le mal …
Et vous savez quoi ? Pas de doute, il y a urgence. Rendez-vous compte, non seulement la société française avance au pas d’escargot sur l’égalité professionnelle entre les hommes et les femmes, mais en 2016, les plaintes pour violences conjugales ont fortement augmenté. Le nombre de cas de viol et de harcèlement sexuel grimpent en flèche, et même le compteur des mains aux fesses s’affole. Heureusement, les langues se délient, les tweets galopent sur les serveurs. La parole des victimes se libère, elles demandent réparation ; les collectifs exigent des mesures radicales et immédiates pour stopper l’hémorragie. Voilà pourquoi il faut agir vite et frapper fort en s’attaquant à la racine du mal.
Alors concrètement, comment s’organise la traque ?
La théorie du genre n’ayant parait-il jamais existé, les meneurs se sont mobilisés autour de l’écriture inclusive.
Une petite synthèse pour ceux qui n’auraient pas saisi le concept : il s’agit de combattre les stéréotypes sexistes en remaniant l’orthographe. C’est trop abstrait pour vous ? Pas de stress, cette nouvelle méthode est facile à comprendre et s’articule grossièrement autour de 3 principes… Elle consiste à féminiser les mots en plaçant, entre des points-milieu, la terminaison du féminin. Avec un exemple, vous allez mieux comprendre. Désormais, il faudra écrire « agriculteur·rice·s », ou encore « artisan·e·s ». L’idée est aussi d’accorder les grades/fonctions/métiers/titres en fonction du genre. On écrira ainsi « une pompière » ou « une maire ». On ne dira plus «une agent de police » mais « une agente de police ». Et puis on fera en sorte que le masculin ne l’emporte plus sur le féminin au pluriel. Égalité, Égalité, à bas la hiérarchisation des sexes !
En fait, pour ne pas se tromper il vaudra mieux éviter toutes les chausse-trappes de la langue française, et en tout premier lieu bannir de notre vocabulaire les mots « homme » et « femme ».
Mais, des mots et des sujets qui fâchent, il y en a plus d’un. Tenez, comme on ne peut parler de « journées du Patrimoine », (parce que dans patrimoine il y a père, et il n’y a pas que les pères qui ont façonné notre passé historique et culturel), on dit maintenant « journées du Patrimoine et du Matrimoine »… à moins que ce ne soit « du Matrimoine et du Patrimoine »… Arrrgh ! Déjà je m’embrouille et ne sait plus à qui l’on doit la préférence ! Plus grave encore, on ne pourra plus dire « enfant de la Patrie » (dans Patrie, il y a père) mais pourrons-nous autant dire « enfant de la Matrie » ? Je propose « enfant du Pays », encore que je me suis entendu dire que du pays comme de la Patrie, certains n’en auraient rien à faire.
Tiens, une mauvaise pensée me vient soudainement : combien de connards qui lèvent la main sur leur femme savent que dans « Patrimoine » et « Patrie », il y a père ?
Quant à moi, et vous vous en doutez bien, je suis d’accord sur tout pour peu que l’on arrive à rééquilibrer la place de la femme dans la société et à faire diminuer la délinquance sexiste. Mais il y a une chose pour laquelle je me défile. Ne comptez pas sur moi pour expliquer aux Corses que désormais il faudra qu’ils trouvent un autre nom à l’un de leurs vins, le « Patrimonio » !
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Et toujours, l’inspiration du poète …
J’voudrais pas dire
Mais c’est à mourir de rire
De tout arrondir
Mais c’est déjà sexuel
De parler d’arrondi sensuel
Ma maman est une mater
Plus le droit de regarder mes repères
Bien monter l’escalier
Est trop cavalier
Les marins n’auront plus de bitte
Pour s’amarrer au licite
Plus de wagon de queue
Avec un quart de queue
Plus de culbute
Que l’on m’impute
Ne plus embrasser ma carrière
Plus de recette de pissaladière
Plus d’annales du Bac
Pour réviser tout ce micmac
Plus d’oignons
À faire péter le trognon
Plus parler de cons
Et, ça c’est vraiment con
Car ils le sont vraiment
Avec leurs aboiements
De chiens déments
Dider-e-s Regard-e-s
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