Durée de lecture : 2mn
Même si je me rends bien compte que ces quelques mots sont dérisoires, je ne peux commencer mon « Billet d’Humeur » sans avoir une pensée pour les victimes des attentats de vendredi soir, et d’exprimer toute ma compassion à leurs familles.
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Paris, le 11 novembre
Le jour se lève à peine, et lorsque mon cerveau bascule vers la pleine conscience, je sais, avant même d’ouvrir les paupières, que la journée s’annonce difficile.
Près de 48h que je suis à Paris, et déjà, j’en ressens tous les méfaits. L’agitation, le bruit, la pollution de l’air, tout ce qui fait le « charme » de la ville a produit son effet sur mon corps et mon cerveau.
Pour être néanmoins objectif, mes séjours y sont si rares et si courts, que j’optimise chacune des heures dont je dispose, menant ainsi un train d’enfer. Belle ironie, pour quelqu’un à mobilité réduite…
Pourtant lundi soir, le premier soir de mon escapade, fut un enchantement.
La nuit, Paris est toujours aussi magnifique. Après avoir traversé le quartier St Michel dans le bouillonnement de la rive gauche, nous avons traversé la Seine. Et sur le pont … la magie a opéré. Notre Dame, la Conciergerie, et au loin les Invalides et le Louvre, rehaussés de leurs plus beaux feux Rien de tel pour me réconcilier avec la capitale.
La rive droite est plus sage. Plus froide également. Mais soudain, au détour d’un jardin, la Tour St Jacques se dresse devant nous. Je ne peux m’empêcher d’arrêter mon regard sur l’immeuble de la rue de Rivoli qui lui fait face. Je compte les fenêtres du 1er étage où niche désormais le rayon « Hommes » du magasin « H & M » : 1, celle du bureau d’une collaboratrice ; 2, celle de mon adjoint ; et 3, la fenêtre de mon bureau. Instantané d’une image figée 25 années plus tôt. Les souvenirs se bousculent, les visages resurgissent … Je souris, et je poursuis mon chemin.
Pour d’autres raisons, le lendemain fut intense. Physiquement intense, mais aussi chargé d’émotions.
Et donc, au matin de ce mercredi 11 novembre, je suis loin de détenir une forme olympique.
J’en suis désolé, car je me fais une joie de déjeuner avec Didier Regard. Vous savez, le poète qui me fait l’honneur d’illustrer mes « Billets d’Humeur » par ses tercets.
Chaque fin de semaine, nous échangeons trois mots par mail, tout en nous communiquant nos écrits. Cependant, cela fait plus de deux ans que nous ne nous sommes vus.
Il ne le sait pas encore, mais je devais avoir une quinzaine d’années lorsque j’ai déjeuné avec mes parents dans cette fameuse brasserie parisienne, où il a décidé de réserver.
À peine sommes-nous attablés, que nous échangeons comme si nous nous étions quittés la veille. Nous partageons l’essentiel en profitant l’un de l’autre.
Mais à la fin du déjeuner, je le sens préoccupé. Il jette un coup d’oeil sur son téléphone… Ce n’est pourtant pas dans ses habitudes. Il est de ces personnes qui se consacrent totalement à leur interlocuteur, et qui savent ne pas être distraites par une sonnerie ou un quelconque bip… Visiblement perturbé, il pianote discrètement quelques mots… Ne m’aurait-il pas livré l’entièreté de ses soucis ? Je m’étonne … Il poursuit la conversation. Il tourne la tête à plusieurs reprises, et nos regards ne font plus que se trouver en pointillé.
Dans un premier temps, je pense qu’il cherche à attirer l’attention d’un serveur, mais je comprends que quelque chose d’autre le préoccupe… Je lui demande s’il pense avoir reconnu quelqu’un dans la salle. Il fait mine de ne pas m’avoir entendu … J’insiste, et il finit par me répondre : « Cela dépend, et toi ?! »… Une personne rayonnante et tout sourire apparaît alors comme par magie devant moi…
Heureuse surprise ! Il s’agit de ma collaboratrice. Vous vous souvenez ? Celle, dont le bureau se trouvait derrière la première fenêtre. Une personne avec qui je partage tant de souvenirs, et que je n’ai pas vue depuis près de 15 ans.
Circonstances émouvantes. Instant fort régénérant … À Paris, dans une brasserie.
Quand je les ai quittés, en milieu d’après-midi, je me suis alors rappelé combien j’étais persuadé le matin même, que la journée s’avèrerait compliquée. Ce fut tout le contraire.
Vendredi soir, alors que j’étais douillettement installé dans mon nid aixois, l’abomination des actes terroristes me saisit à la gorge.
Après que les sentiments se soient tus, j’ai pensé à mon séjour parisien. Ce faisant, je me suis rappelé que le pire n’était jamais certain, le meilleur non plus, mais que l’un et l’autre pouvaient me surprendre à tout moment. Alors, pas de suppositions, et tente de vivre intensément l’instant présent, me suis-répété à plusieurs reprises !
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Paris : pas de suppositions …
C’est en plein Paris
Au fond d’une brasserie
C’est notre abri
Je veux réunir
Ce qui ne doit pas finir
Et voir l’avenir
Pas de nostalgie
M’orienter vers la magie
Avoir l’énergie
Le cœur et le cœur
Là, où est notre bonheur
Comme une liqueur
Mais c’est à Paris
Qu’il y a une tuerie
Une sauvagerie
La consternation
Même sans suppositions
Une sidération
Découvrez toutes les illustrations poétiques de Didier Regard
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