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Au-delà des réponses convenues et rassurantes, il n’est pas toujours très simple de répondre à une telle question.
Depuis l’avènement des moyens de communication modernes, je l’ai suffisamment écrit, nous sommes imprégnés des pires images et des plus sales histoires. On nous alimente en ne montrant délibérément le monde qu’au filtre de ses égouts. La violence, la haine, les crimes, la guerre, les exhibitions malsaines… La liste des turpitudes humaines est si longue…
C’est à croire que l’humanité se repaît de sa propre noirceur.
Néanmoins, il ne faut pas occulter le fait qu’il existe un public consentant, sans lequel les exactions, les reportages, les films et les séries, ne fleuriraient pas sur les écrans.
Est-ce le fait de voir des gens plus malheureux que nous-mêmes, qui rend supportable notre propre sort ? Est-ce en sachant que des atrocités se perpétuent dans un ailleurs, que l’on se croit en sécurité ? Est-ce pour se sentir sain et sauf ou par simple instinct morbide, que l’on ralentit devant un accident, histoire d’apercevoir un corps, du sang, une carrosserie méconnaissable ?
Et quelle est dans tout cela, la part de conscience, d’inconscience et de manipulations ?
N’aurions-nous d’autre choix que de nous perdre dans les méandres d’une réflexion stérile, lorsque l’on ne partage pas les codes et les valeurs qui alimentent le modèle de la société où l’on nait ?
La solution serait-elle de s’adapter, de finir par les utiliser et d’en jouer, afin de réussir sa vie selon des critères prédéterminés ?
Car, le système est si bien huilé qu’il attire naturellement à lui les individus, pour les entraîner définitivement dans ses rouages. Se laisser emporter est certainement la solution de facilité.
C’est ce que fait une grande majorité d’entre nous. Quand certains le font en totale adhésion, d’autres plus tièdes se contentent de s’en accommoder. Tandis qu’une minorité le condamne et se contente au mieux de s’indigner. Mais sans action, n’est-ce pas une forme sophistiquée de renonciation.
Mais pourquoi faudrait-il céder à la tentation d’occulter l’existence d’un monde pluriel. Il n’est pas uniquement tel que l’on veut bien nous le montrer.
Les rivières, les mers et les océans ne sont pas que des dépotoirs. Il y a aussi, les îles Vierges, les Grenadines, les chutes Victoria et celles d’Iguaçu, les territoires inviolés de Kimberley…
Les comtés d’Angleterre ne sont pas uniquement parsemés de friches industrielles, celui du Yorkshire recèle à lui seul bien des trésors. Et la race humaine ne détruit pas toujours tout sur son passage, elle est aussi capable de sauver l’Abbaye du Mont Saint-Michel, ou les palaces et jardins de Jaipur.
La beauté ne réside pas uniquement dans des ruines, des édifices du passé, ou au contraire dans des constructions modernes aux prouesses techniques hallucinantes.
À côté de la cité ancienne de Zanzibar, s’étalent sur des kilomètres des plages au sable fin d’un blanc immaculé. Un levé de soleil sur les pagodes de Bagan ou sur l’ile de Santorin, ou tout simplement la diversité et la beauté des campagnes françaises, peuvent faire oublier bien des obscurantismes…
Et puis surtout, il y a aussi des hommes et des femmes qui se battent pour préserver et même embellir la planète.
Ce ne sont pas seulement des êtres du passé. Ceux d’aujourd’hui ont également du cœur. Ils sont légions qui se battent encore et toujours pour des idées altruistes et humanistes. Certains sont médiatisés, d’autres sont de simples porteurs d’eau. Ce sont eux, ces millions d’anonymes, ces millions de « colibris », qui sont mes préférés et qui montrent la voie.
Car quel sens donner à sa vie, lorsque l’on évolue dans un système qui broie les individualités et qui disloque ses propres croyances ? Un système auquel on ne veut pas, ou plus, s’abandonner ?
En d’autres termes, si l’on refuse l’idée d’emprunter l’autoroute proposée, faut-il décider de rouler à tombeau ouvert ou à contre-sens, sortir de la route ou bien encore freiner de toutes ses forces ? … Ce qui revient dans tous les cas à subir un choc inéluctable et, au final, laisser de sa présence sur terre une dérisoire trace de pneu !
Et bien modestement, je crois qu’il faut tout simplement se recentrer sur ses propres valeurs ; décider sur quoi ne pas lâcher et s’y tenir ; ne pas chercher à laisser une trace mais plutôt vivre tel le colibri de la légende amérindienne, « faire sa part » sans faire l’erreur de penser que l’on est seul, et contribuer ainsi à l’édifice d’un monde meilleur.
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Le monde des laids
N’est pas un monde parfait
Mais c’est ça qui plaît
C’est la catharsis
Spectacle sans compromis
Qui purge mon gris
Le monde des beaux
Réunis dans leurs châteaux
Sans aucun bourreau
C’est mon bréviaire
Symétrie des contraires
Rien à extraire
Je fais mon logis
D’un monde qui régurgit
Du pas vu, pas pris
Alors, silence
Appel à ma conscience
Une évidence
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