De l’Utilité de dresser un Bilan de sa Vie … ou pas !


À Philippe,

Durée de lecture 3mn 48s

Quelle ironie ! Né un soir de début d’automne, je sais aujourd’hui que ma vie est entrée de plain-pied dans cette saison. Cette saison que j’ai prétendument préférée aux autres, et qui me fait tellement peur aujourd’hui … Une idiotie de plus … Et sur le sujet, il m’est arrivé plus souvent qu’à mon tour de les collectionner.
Mais c’est comme ça ! Périodiquement, et suivant mon degré d’optimisme, je cherche à me faire peur en me disant que la vie peut s’arrêter dans … 30, 20 ou 10 ans … 1 an, 1 mois, 1 semaine, 1 jour, 1 heure … dans la minute qui vient.
C’est idiot, mais c’est ainsi. Oui, c’est idiot parce qu’il n’y a pas à ergoter : le temps grignote la vie.
Cela fait un bon bout de temps que je visualise ce sablier, mon sablier, dans lequel s’écoulent les grains de sable qui engloutissent ma vie. Je sais qu’ils sortiront vainqueurs d’un combat, qui n’existe même pas tant l’issue est avérée. Et pourtant, comme tout le monde, je mène ce combat … comme dit l’expression : à la vie, à la mort !

Il existe des gens qui prennent conscience très tôt du côté éphémère de la vie (tiens, il me semble avoir déjà écrit cette phrase quelque part …), comme d’autres semblent n’en avoir cure. Et pourtant, pourtant des événements surviennent et nous touchent : la perte d’un oncle ou d’un frère, des moments douloureux ou même heureux de notre vie, tout simplement le temps qui passe …
Et ces événements finissent par nous interpeller. Immanquablement, c’est l’heure des bilans. Et plutôt sombres, les bilans. C’est presque normal puisque, étant peu nombreux à avoir la faculté de voir la vie en rose, rares sont ceux d’entre nous qui peignent des bilans aussi magnifiques et colorés que peuvent être les arcs-en-ciel. C’est pourtant cela la vie : un arc-en-ciel. J’aime assez cette image. Tout au long de la vie, et je gage que vous serez d’accord avec moi, nous en voyons bien de toutes les couleurs.
Alors, c’est inévitable, quoique l’on ait pu faire dans sa vie, ce n’est jamais assez bien, assez grand, assez beau … ce n’est jamais assez, tout simplement.
J’en suis convaincu, que l’on s’appelle, Pasteur, Einstein, Mère Teresa, Nelson Mandela, Tartempion, ou Du Schmoll, à l’heure des bilans, pour la plupart, nous sommes insatisfaits, tant nous sommes persuadés que nous aurions pu faire encore plus, beaucoup plus.
Vous l’avez compris, c’est mon cas. Parce que, en fin de compte, qu’ai-je fait de cette vie qui m’a été offerte ? Que restera t-il de toutes ces années passées sur terre après que je sois placé dessous ?
Mais au fait, qu’est ce donc une vie bien remplie ? Cela se mesure comment ? À l’aide d’une balance où l’on met d’un côté ce que l’on a reçu et de l’autre ce que l’on a donné, en saupoudrant des bonnes actions et des mauvais comportements ?
Évidemment non, ce serait trop simple ! Car quel poids donner par exemple à un sourire qui a embelli la journée d’un inconnu croisé au hasard … de la vie ? Comment évaluer la capacité que certains ont de laisser d’autres vivre leur propre vie, ou à l’inverse, d’intervenir pour leur permettre de se diriger vers des horizons jugés plus propices ? Et précisément, peser, juger.., qui sommes-nous en fait pour avoir une quelconque légitimité à le faire ? Qui sommes-nous ? … des Dieux ?
Alors sur quoi, Diable, s’appuyer avec certitude ? Faut-il saisir de cette planche de salut, qui est celle d’avoir fondé une famille, et pour ceux d’entre nous qui avons eu des enfants, se dire que nous avons donné la vie ? La belle affaire ! Parce que ceux qui n’ont pas eu d’enfants seraient moins méritants ? Auraient-ils raté quelque chose ? Seraient-ils meilleurs ou moins bons avec ou sans descendance ?
D’ailleurs, donner la vie, est-ce un acte d’amour, un acte égoïste, un acte au service de la survie de l’espèce ? Et puis donner la vie, est-ce vraiment un cadeau ? Judicieuse question, non ?
Tenez, juste une réflexion : j’ai donné la vie à mes enfants, tout en étant incapable de leur promettre une vie heureuse. Voilà pourtant un véritable cadeau que j’aurais pu leur faire.
Mais voilà, leur vie sera ce qu’ils en feront… et le comble est qu’ils auront toujours le pouvoir de me la reprocher. C’est certain, j’en suis responsable, puisque je les ai fait naître. Mais suivant la déclaration bien connue depuis un célèbre procès : « je suis responsable, oui, mais pas coupable ».
Néanmoins si tel était le cas, si par malheur, ils venaient à me reprocher la vie qu’ils mènent, voire encore plus terrible, de vivre, soyez-en sûrs, je serais au moins aussi malheureux qu’eux-mêmes…

Se faisant, « la vie est un don, mais la vie est précieuse car nous avons le pouvoir d’en disposer ».
Et de la mienne, croyez-moi, j’en ai disposé. J’ai commis le pire et heureusement aussi le meilleur. Je ne sais pas pour vous, si d’aventures vous vous posez parfois ce genre de question, mais comme par hasard, c’est le pire qui toujours vient me hanter.
C’est pourquoi, à bien y réfléchir, comme j’aurais aimé rester un enfant ! Insouciant, avec juste assez de conscience pour savourer les joies du quotidien sans en appréhender les difficultés. Quelle est magnifique cette capacité à oublier si vite les soucis d’hier et à n’avoir aucune crainte du lendemain !
D’ailleurs, il est bien là le secret de la vie, la philosophie que bien des maîtres cherchent à nous enseigner depuis la nuit des temps : vivre l’instant présent !
Alors pourquoi, pourquoi dès leur plus jeune âge, les adultes se plaisent à poser aux enfants la même question ? … Vous ne voyez pas ? Mais si, vous savez cette question qui semble anodine et source même de divertissement :
–  Qu’est-ce que tu veux faire plus tard dans la vie ?
– Plus tard ?
– Oui, quand tu seras grand ?
… Et au choix, nous obtenons ces réponses tant attendues, lorsqu’elles ne sont pas subtilement suggérées …
– Et bien moi, je serai infirmière, pompier, docteur, pilote d’avion (pas très populaire ne ce moment, je l’avoue), ou encore, je serai comme papa ou comme maman !
Quel bel exemple de conditionnement, n’est-ce pas ? Et bien moi, avec ma petite expérience de la vie, je crois bien aujourd’hui qu’il serait plus fort à propos que les enfants répondent tout simplement :
– Je voudrais être heureux et en bonne santé !

Alors c’est décidé ! Fini, basta ! C’en est terminé de me torturer à loisir en tentant de dresser le bilan de ma vie, alors même que j’ignore à quel endroit du chemin je me trouve. Je vais me préoccuper de ce qu’il me reste à faire, plutôt que de chercher ainsi à gommer ce sentiment si dérangeant d’être ou d’avoir été inutile ?
Évidemment, si sur bien des aspects, c’est déjà un progrès, j’entends déjà les vertueux me crier que je ne vais pas assez loin. Mais les vertueux m’importent peu, car plus importante encore à mes oreilles, j’entends mon âme d’enfant me souffler que l’important n’est pas que je me définisse par ce que j’ai fait, ou parce que je vais faire, mais par ce que je suis.

Et là, j’en conviens aisément, je vous prie de croire qu’il me reste beaucoup de chemin à parcourir.
L’avantage, c’est que pour y parvenir, le temps importe peu. C’est quelque chose que je peux réaliser dans … 30, 20 ou 10 ans … 1 an, 1 mois, 1 semaine, 1 jour, 1 heure,… et même, dans la minute qui vient…

*****
Tout est éphémère
Je chemine sur mon GR
Dans mon rôle de père …

             Découvrez la suite de l’illustration poétique de Didier REGARD

*****

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7 Commentaires

  1. Tu chemines , Je chemines , Nous cheminons … Je partage !
    Isabelle

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  2. Fabienne Allard Korolev

     /  28 septembre 2014

    Bonjour pascal, Nous avons, enfin je crois, tous un moment ou à un autre cette grande question sur notre passage sur terre. J’ai pris conscience qu’après le mien, hormis mes enfants ou petit enfants si mon fil de vie est suffisamment long, personne ne se souviendra de moi, qui j’étais, ce que j’ai fait de bien ou pas. Pour être en vie éternellement il faut être Mozart, Armstrong, Kennedy, Staline, Louis XIV, au secours hitler! Autrement nous ne sommes que de jolies fleurs ou papillons… dont le passage ne dire qu’une saison, la saison de notre existence. Il semble si facile d’être heureux et c’est à la fois si compliqué. Pour ma part, j’essaie tant bien que mal D’aimer et respirer cette belle planète et l’espace qui nous entoure. De m’émerveiller devant un ciel étoilé, un orage, une montagne, un documentaire sur la vie des animaux… De faire vivre la part d’enfant qui est en moi… De jouir de la vie, même un court instant. Mais, mais, je ne suis qu’une femme, un être humain insatisfait.

    Voilà, c’était ma spontanéité du soir. Espoir.

    Je te souhaite une excellente journée.

    J’oubliais ma grande angoisse, que mes enfants puisse souffrir.

    Fabienne ALLARD KOROLEV

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  3. Pascal,
    comme toujours tes réflexions sont pleines de sagesse et de vérité. Amitiés Claude Laskowski

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  4. Une citation offerte par Alain S.

     » To laugh often and much; To win the respect of intelligent people and the affection of children; To earn the appreciation of honest critics and endure the betrayal of false friends; To appreciate beauty, to find the best in others; To leave the world a bit better, whether by a healthy child, a garden patch, or a redeemed social condition; To know even one life has breathed easier because you have lived. This is to have succeeded.  »

     Ralph Waldo Emerson (1803 – 1882) American Essayist & Poet

    Et qui a été lue lors de la cérémonie à San-Francisco, en mémoire de Robin William, par son copain Billy Crystal. 

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