Obligations professionnelles obligent, j’ai été pendant de nombreuses années un rat des centres commerciaux et des grandes artères citadines. Tout cela dans un unique but, rechercher les moindres détails qui conduisent à optimiser un chiffre d’affaires. Et oui, la phrase mythique qui régit ce milieu est d’une simplicité déconcertante : « le métier du commerce de détail n’est qu’une succession de détails ». Mais, croyez-moi, c’est très compliqué de réussir à totalement les maitriser !
Alors, est-ce suite à une overdose, ou plus probablement parce que je suis redevenu un homme comme tant d’autres qui rechignent et se cabrent dès que leur compagne parle de « faire les magasins » – si, si messieurs, inutile de nier – toujours est-il que je n’avais pas mis les pieds dans un centre commercial depuis des lustres, et qui plus est, à l’approche des fêtes de fin d’année.
Mais bon, j’avais promis.
Je me suis donc fait violence tout en choisissant, en vieux briscard, un jour de la semaine et un horaire où je savais pouvoir éviter la foule des grands jours.
Et c’est tout de même un rien excité à l’idée de sévir sur une terre tant de fois labourée, que j’ai pénétré dans les entrailles de ce temple de la consommation du sud-est parisien.
… Grosse déception !
Ici ou là, des produits High Tech nomades font illusion, mais en fait, 15 années se sont écoulées, et rien n’a vraiment changé.
À quelques très rares exceptions, les enseignes sont les mêmes. Quelques concepts diffèrent, mais l’impression d’ensemble laisse à penser que tout est resté en l’état. Les ficelles utilisées pour rendre les magasins désirables sont comparables aux bouts d’amarrage des bateaux de croisière transatlantique, et de toute part on souffle aux chalands – ou l’on hurle, suivant le style – qu’à n’en point douter, ils doivent absolument franchir le seuil du point de vente : c’est certain, c’est là qu’ils vont obtenir la réponse à leur souci du moment : trouver LE cadeau destiné à l’un ou plusieurs de leurs proches.
Car, si Internet ravit d’année en année une part de gâteau de plus en plus significative du marché de Noël, la majorité des clients ont encore besoin de voir et de toucher, tant pour trouver des idées que pour se rassurer.
Alors que je slalome d’un pas mal assuré, évitant les collisions impromptues et les tentations mercantiles, je m’imprègne de l’atmosphère des lieux.
Loin d’être festive et pas encore frénétique, l’ambiance est lourde, …, tendue.
Le diktat anxiogène imposé par le calendrier rôde dans les allées du centre commercial : Noël est en décembre, et pour Noël, (et cela bien avant la naissance de Jésus), la tradition veut que l’on se fasse des cadeaux.
Tandis que les sourires crispés des vendeurs trahissent la faiblesse des chiffres d’affaires de l’année, on peut déjà lire sur les visages des visiteurs l’angoisse de la panne d’idée.
Pourtant… Pourtant, il reste 10 jours avant la soirée fatidique.
Je n’ose imaginer, les hyperventilations, les hausses de fréquence cardiaque, les hypertensions artérielles, les palpitations et les migraines, qui submergeront d’ici quelques jours, les adeptes de la dernière minute, les toxicos prisonniers de la fièvre acheteuse, les traîne-savates invétérés, les retardataires inconscients et les jongleurs de fin de mois.
Les derniers jours seront sans pitié, pour les angoissés de l’objectif du chiffre d’affaires à réaliser, pour les galériens du paquet cadeau et les forçats du Bolduc !
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