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Alors que personne ne met en cause l’exactitude des oeuvres d’Aristote, écrites 300 ans après sa mort ; alors que personne ne pérore sur l’année de naissance du Prophète Mahomet, ou de celle du Prince Siddhârta, ni même de l’étonnante longévité de Salomon ou d’Abraham ; alors que personne ne s’interroge sur l’extraordinaire histoire de la vie du Bouddha ; alors que le calcul de la date exacte du départ des juifs des terres de pharaons qui fixe celle de la Pâque juive est communément admis – un peuple guidé par un certain Moïse, lui-même sauvé des eaux – ; alors que, comme a pu le dire le poète et philosophe arabe, Aboul’âlaa Al Maari (973 – 1057) : « Le Coran, la Torah, les Évangiles… à chaque génération ses mensonges »….
Et bien, chaque veille de Noël est pourtant l’occasion offerte à des journalistes et autres écrivains en mal d’inspiration de se jeter, comme des chiens le feraient sur un os à moelle, sur le débat toujours ouvert autour du socle de la religion chrétienne.
Pour ma part, je vous livre sans fard ma pensée : tout ce raffut, tentant d’invalider les fondements d’une religion, me parait futile et tellement peu glorieux.
Car en somme, que Jésus fut imberbe, qu’il ait eu les cheveux courts et frisés, (derniers thèmes à la mode), qu’il fut un révolutionnaire politique, qu’il ait été marié, qu’il ait eu -ou pas- des enfants, et enfin qu’il soit réellement né -ou pas- un 25 décembre, il y a 2014 ans -ou pas-, et que nous soyons par voie de conséquence en 2019 ou 2021, je vous le demande : Quelle importance ?
Car de quoi parle t-on exactement ?
La date de naissance de Jésus-Christ ?
Toute personne disposant d’un minimum de bon sens se doute bien qu’il est fort probable que le 25 décembre ne soit pas la réelle date de naissance du Christ. Mais, bien évidemment, il fallait trouver une date qui puisse se substituer aux fortes croyances et diverses fêtes de l’époque. Nous savons bien qu’il est plus facile de se glisser dans les chaussons d’un autre que d’en fabriquer des neuves. Et alors ?
Ah, si j’osais la parabole : Quand Mr Hollande choisit d’accepter un Labrador à Noël comme cadeau, comme l’ont fait ses prédécesseurs, n’est-ce pas un raccourci pour paraître un peu plus présidentiable ?
Mais je m’égare…
Et bien oui, il semblerait que, vers l’an 354, ce soit le pape « Libère » qui décida de fixer la date de naissance du Christ au 25 décembre, en la plaquant sur les saturnales romaines en l’honneur du Dieu Soleil (Solis Invicta) qui duraient une semaine, et à l’occasion desquelles les adultes échangeaient des cadeaux, se répandaient en orgies, et accessoirement, se rendaient au temple pour y apporter des offrandes.
Que voulez-vous ! Il fallait bien que Jésus soit né un jour, autant donc faire un choix judicieux.
D’ailleurs, bien d’autres dates de bien d’autres religions ont été fixées de la sorte.
La belle affaire !
Les Évangiles ?
Tout enquêteur de police connaît les difficultés de l’exercice qui consiste à recueillir des témoignages concordants, autour d’une scène de crime, dans les minutes qui suivent celui-ci. Alors, les Évangiles auraient-ils été écrits par des apôtres, des contemporains de Jésus ? 40 / 70 ou 135 ans après des événements datant de plus de 2000 ans ? Ces fameux textes analysés par des occidentaux, des scientifiques, des historiens, tout un tas de gens qui cherchent quoi ? Une vérité, leur vérité ? La renommée ? Les failles d’un récit mêlant bien évidemment réalité, imagination et transcendances ?
Mais s’il n’est pas possible de s’accorder, ce que je peux comprendre, sur « je crois en Dieu », ou/et « en son fils Jésus-Christ », en la Vierge Marie, … sur la résurrection de Jésus le jour de Pâques, … et plus généralement sur la véracité de la tradition orale qui a forgé les manuscrits au cours des siècles, ne pourrait-on reconnaitre que le plus important est l’essence même du message universel qui a traversé les siècles ? Un message que l’on retrouve chez Luc, Matthieu, Marc et Jean, et que quiconque peut faire sien : « Aimez-vous les uns les autres ».
Mais bon, il est sans nul doute plus aisé aux pauvres d’arguments de s’attaquer à des symboles, et ainsi démontrer la force de leur laïcité tout en exprimant un athéisme triomphant. Et puis, c’est bien connu : « il n’y a pas de fumée sans feu » – Traduisez, s’il existe une telle supercherie, tout est bon à jeter – .
Tiens, pour le plaisir de l’exercice, je vous propose un enchaînement de déductions sans appel, à partir d’une affirmation figurant dans les premiers versets de la Bible : « Dieu, qui avait terminé le septième jour l’oeuvre qu’il avait faite, se reposa de son labeur. Il bénit le septième jour et le consacra … ». Jugez par vous-même de la beauté de la démonstration :
Le seul jour que pouvaient choisir les représentants de la chrétienté pour instaurer le repos hebdomadaire, devant absolument plaire à l’empereur Constantin – lui-même adorateur du soleil – ne pouvait être que le dimanche. Le dimanche, … précisément le jour du soleil. et oui, sunday ! Le soleil adoré par les Égyptiens, les Mayas et les Incas – et j’en oublie certainement – tous, évidemment bernés par des religions et des croyances ancestrales imbéciles, parce que nous savons bien aujourd’hui que le soleil … n’est qu’un astre.
Et bien voilà, CQFD ! Vous voyez bien que Dieu n’existe pas ! (Il est vrai que d’autres, plus malins, ont choisi le jeudi, le vendredi ou même le samedi … Mais c’est une toute autre histoire).
Quand à Noël, ce symbole chrétien a encore de belles années devant lui. Le puissant lobby des marchands du temple veille au grain. Les marchands du temple certes, mais pas que. Noël est surtout une tradition populaire que même un nouveau leader charismatique ne pourrait effacer, voire remplacer.
Alors de grâce, laissez- nous croire en paix, … et laissez rêver les enfants !
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Laissez-nous croire
À notre belle doxa
Même passoire
Celle qui nous fixa
Dans le beau territoire
Muni d’abreuvoirs
…
Découvrez la suite de l’illustration poétique de Didier REGARD
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