Depuis que je me suis aperçu que bien peu de jeunes gens décidaient de faire de leur passion leur métier, je suis toujours plein d’admiration lorsque je tombe par hasard sur un contre exemple. Et cette semaine, j’ai eu la chance de faire une belle rencontre.
Il est employé chez un caviste. Sa passion c’est le vin. Il a soif d’apprendre.
Lorsqu’il est en vacances, il ne rate pas l’occasion de pousser la porte d’un domaine. Pour une dégustation, bien sûr, mais aussi et surtout pour rencontrer des vignerons. Connus, ou moins connus, là n’est pas l’essentiel. L’essentiel est de pouvoir partager sa passion, de faire des rencontres, et de toujours apprendre.
Cette semaine, il n’a pu s’empêcher de faire un détour pour découvrir ce domaine qui fait référence à Meursault. Son propriétaire est viticulteur de père en fils. C’est un Monsieur dans la profession, voire un Pape à l’en croire.
Le grand portail est ouvert, mais il hésite. En fait, il ne se sent pas légitime pour débarquer ainsi à l’improviste. Il est impressionné. Il reste quelques instants avec sa compagne devant l’entrée de l’allée qui mène au Saint des saints. À force d’hésiter, il finit par capituler et se dirige vers sa voiture. À ce moment précis, un véhicule stoppe à sa hauteur. C’est lui ! Le propriétaire en personne. Quelques mots échangés, et à son grand étonnement l’homme lui fait signe de le suivre.
C’est en toute simplicité, qu’il est reçu, lui le jeune vendeur anonyme, à la grande table de dégustation du chai.
Comme s’il avait peur que je ne le crois pas, ou comme pour se persuader lui-même que c’était bien réel, il cherche rapidement une photo sur son téléphone portable pour me la montrer. Je découvre effectivement sur une grande table une bouteille et son étiquette prise en gros plan. D’un doigt pointé sur un coin de la photo, comme s’il s’agissait d’une précieuse relique, il tient à souligner la présence d’un bout de jambe et de pantalon. Il m’assure presqu’en chuchotant que ce sont bien ceux du « grand homme ».
Puis il me raconte le moment magique qu’ils ont passé ensemble, et comment l’homme a ri lorsqu’il lui a dit que ses vins étaient « comme des jus de fruits ».
Il n’a pas pu acheter de vin, on ne peut plus en acheter au domaine, mais il a dégusté 4 crus fantastiques ! Rien qu’à l’observer, je me doute que ses papilles s’en souviennent encore.
Ils ont pris plaisir à échanger autour des flacons. Les vignes, les vendanges, le métier, les pratiques ancestrales et les techniques modernes … Mais ils discutent aussi « boutique ». Le viticulteur se montre très intéressé par les réactions des clients. Puis, ils finissent par parler chiffres : le nombre de bouteilles produites, la commercialisation et, naturellement, ils abordent la question des prix. Son vin, départ propriété à 40 ou 50 euros la bouteille, a longtemps été proposé à 90 euros chez la plupart des négociants. Cependant, de plus en plus de clients se plaignent de ne plus en trouver, ou à des conditions qui frisent le ridicule. Le contingentement à 1 à 3 bouteilles, l’obligation d’acheter d’autres crus, sans compter qu’il n’est pas rare que son vin soit vendu à 450 euros l’unité. Devant l’indignation du viticulteur, qui semblait réagir comme le dernier perdreau de l’année, le jeune vendeur s’était alors lancé dans l’explication de la mécanique spéculative.
Devant mes yeux écarquillés, ce dernier ne s’est pas fait prier pour m’affranchir. En fait, la spéculation est moins celle des distributeurs que celle des particuliers qui n’hésitent pas à revendre leurs acquisitions, sous le manteau, jusqu’à 950 euros la bouteille à des acheteurs d’étiquette, ou plutôt à des gogos prompts à devenir pompette… Des particuliers parfois sans scrupule résolus à dépouiller purement et simplement quelques amateurs imprudents ou quelques vieilles personnes incapables de descendre les marches menant à leur cave, trop heureuses de charger des aigrefins de les débarrasser de leurs vieilleries et autres encombrants…
Bref, d’un seul coup, je réalisais à quel point la porte de ma cave méritait d’être blindée de façon urgente ! C’est que, voyez-vous, les températures ont bien chuté ces jours-ci. Le temps du rosé est terminé, et j’ai bien l’intention de pouvoir déguster les quelques bonnes bouteilles que j’ai si patiemment acquises… Déguster avec modération, bien entendu !
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Un « Haïku tercet » de Didier Regard
Passion d’un métier
Tu chevauches les sentiers
Des vignes à aimer
Et une illustration poétique en prime (du même auteur)
Patron
Des vignerons
St. Vincent nous te louons
Du nectar
Issu de tes hectares
Tu te conformes a de l’art
D’autres malveillants
Ont compris le diamant
Qui mise sur le temps
Qu’importe
Tu seras le métier qui rapporte
Qui frappe à ta porte
Une fois de plus
Ta spontanéité
En croyant dans des émois
Sera ton abusus
Découvrez les poèmes de Didier Regard et aussi ses tercets
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