Fonctionnaires, je vous aime moi non plus !


Comme beaucoup de mes compatriotes, j’entretiens des relations schizophrènes avec les fonctionnaires.
J’admire toutes ces personnes qui ont un sens du service, de la disponibilité, de l’écoute et de l’empathie pour leurs concitoyens, dans un souci exacerbé d’intérêt général. Ces hommes et ces femmes courageux dont la vocation pousse à dépasser les limites de leur mission, et qui pour certains, vont jusqu’à l’épuisement pour toucher en fin de carrière des clopinettes.
Je m’insurge contre le manque d’effectifs dans les hôpitaux, dans les tribunaux, dans les commissariats, et dans l’éducation nationale. Mais à bien y réfléchir, n’est-ce pas aussi le cas pour tous les agents qui ont une utilité sociale réelle ? Il faut en être conscient : la plupart des services publics sont essentiels au « vivre ensemble » que nous appelons de tous de nos vœux…

La plupart des services publics sont essentiels, mais la question qui fâche est leur prix, leur efficacité, et leur efficience.
Notre pays croule sous le poids de dépenses publiques hallucinantes et d’une dette dont nous ne sommes pas capables de rembourser les intérêts, sans emprunter encore et encore.
Alors, j’enrage lorsque j’observe le poids éléphantesque du coût de la fonction publique. Je peste contre le nombre et le montant de la masse salariale des fonctionnaires. Je vilipende le nombre de prestations sociales accordées indûment. Je suis effaré de la dégradation factuelle de la qualité de nos services publics au regard du coût qu’ils représentent, et … la solution serait de renforcer les effectifs ?!
Schizophrène.

Alors quoi faire ?
S’attaquer au statut des fonctionnaires pour faire des économies ? N’est-ce pas l’arbre qui cache la forêt ? Le hochet stéréotypé que l’on agite pour amuser la galerie ?
Certes,  je suis favorable à un alignement des différents avantages réservés à ceux qui bénéficient du statut de fonctionnaire. Mais au global, à l’exception de quelques citadelles imprenables et qui cristallisent les oppositions, ne sont-ils pas devenus un mythe ? Il est tellement difficile de s’y retrouver dans le maquis des régimes spéciaux, et des différents types de contrats de travail aux statuts fort inégaux. Les économies sont-elles vraiment à la hauteur de l’enjeu ? Combien de personnes savent, par exemple, que l’état est le 1er employeur français de CDD interminables sous-payés, de contrats à temps partiel non désirés, et de contrats aidés sans avenir ? Et que deviendraient les personnes qui en « bénéficient » ? Des « laisser pour compte » ou de nouveaux pensionnaires d’allocations ?

Mais alors, quoi faire ?
Tout le monde le sait sans véritablement s’atteler à la tâche, ou alors par petites touches, tant les résistances électorales sont présentes : il faut RÉ-FOR-MER !
Vous voulez rendre plus efficace et efficiente l’ensemble de la fonction publique, et en avoir pour votre argent ? Menons une véritable refonte de la dizaine de codes (code de la sécurité sociale, code de procédure pénale, code du travail, code des impôts, code …) dont la complexité confine à l’absurdité.
Vous voulez pouvoir embaucher là où la présence des agents de l’état est indispensable auprès des usagers ? Simplifions les normes législatives et réglementaires nationales et européennes ; réduisons le mille-feuilles des échelons publics (état, département, régions, métropoles, communautés urbaines, communes ) et redéfinissons leur domaine de compétences respectif ; supprimons les baronnies ; effectuons les réformes structurelles indispensables pour la modernisation de l’Administration, ou nous devrons maintenir des coûts de fonctionnement omnivores (locaux, systèmes de gestion, procédures inutiles, outils informatiques, …) ; et de grâce, oui de grâce, arrêtons d’ajouter de nouvelles normes aux normes existantes.

Mais tout à fait entre nous … Qui voudra bien s’y coller ? Qui voudra bien sortir du rôle qui est le sien aujourd’hui ? Qui est prêt à perdre des avantages acquis par d’autres dans un contexte différend ?
… Schizophrènes, nous sommes tous schizophrènes.
C’est drôle, mais tout d’un coup mon optimisme s’évanouit ….

Tiens, pour terminer sur une note d’humour et pour ne pas vous plomber complètement le début de semaine, je ne résiste pas au plaisir de citer le président Georges Pompidou qui lâcha, alors qu’on lui présentait de nouvelles complications administratives inutiles, ou dont l’utilité lui apparaissaient très faible : « Arrêtez d’emmerder les Français ».
C’est ça, arrêtez de nous emmerder serait un bon début !

*****

Et toujours, l’inspiration du poète 

Lourdeur administrative
Permet d’occuper l’active

Bannissons les directives
Les notes explicatives

La paperasserie évolutive
Qui renie nos initiatives

Passons à l’offensive
Répondons par la négative

Aux sollicitations vindicatives
Qui sont censées être putatives

Disons  NON aux prérogatives
Notre vie est inventive

Découvrir les poèmes de Didier Regard et aussi ses tercets

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2 Commentaires

  1. Oui, tous schizophrènes, fonctionnaires ou non… sur cette question…. et sur tant d’autres. Et nous vous aimons (et là, aucune schizophrénie), M.Pascal Launay ET M.Didier Regard, qui embellissez tant nos dimanches après-midi et les semaines qui les suivent.

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