« Témoins d’un jour, Témoins à vie » (7)

"Témoins d'un jour, Témoins à vie", le dernier Roman de Pascal Launay

Le Prologue

Comme si l’homme en vert avait prononcé une formule magique, la porte à double battant s’ouvrit automatiquement devant lui. Il s’approcha de sa patiente. Deux infirmières s’affairaient déjà auprès d’elle. La pièce au carrelage immaculé baignait dans une lumière crue. 

Bien que rapides, tous les gestes étaient aussi coordonnés que précis. L’anesthésiste,  emmailloté et masqué, était déjà prêt. Sans laisser paraître de réaction, il avait les yeux rivés sur l’écran où s’affichaient les constantes du patient. Pourtant, des bips et des urgences sonores retentissaient en une arythmie propre à affoler bien des néophytes. 

Une femme d’une quarantaine d’années reposait paisiblement sur la table d’opération. 

Le neurochirurgien se pencha sur elle. Elle dût le sentir, car elle ouvrit les yeux, et lui sourit. Après s’être rapidement présenté et lui avoir dit trois, peut-être quatre, mots de réconfort, il lui dressa le tableau clinique de son état de santé. La voix était grave, le ton doux et presque chaleureux. En tout cas, l’homme en vert se voulait rassurant. Pourtant, les mots qu’il prononçait étaient effrayants. « Rupture d’anévrisme »… « Coma irréversible » … « Opération traumatisante et à haut risque » …  Étrangement, sa patiente lui souriait toujours.

Il balaya les options qui s’offraient à lui dans un jargon difficilement compréhensible, mais cela non plus ne fit disparaître son sourire enfantin. Puis, sans que ni l’anesthésiste, ni son assistant, ni les deux infirmières, ne s’en étonnent, il la pria de l’autoriser à opérer. Il alla même jusqu’à évoquer l’une ou l’autre des opportunités d’intervention. Enfin, il lui demanda jusqu’où elle lui permettait d’investiguer pour «clipper » le vaisseau sectionné. 

On aurait pu croire qu’elle avait acquiescé à toutes les questions, mais de toute évidence, elle n’était pas vraiment présente. Et si par miracle elle avait compris quelques bribes, son cerveau aurait tout gommé dans l’instant. D’ailleurs, il n’attendait aucune réponse. Il suivait juste un protocole. Il termina son monologue sur une phrase qui se voulait apaisante.

– Ne vous inquiétez pas ! J’ai eu votre mari au téléphone. Tout va bien. Puis, il baissa d’un ton et se retourna vers l’infirmière.

– Son mari est arrivé ?

–  Non, Monsieur ! Il a bien quitté l’hôtel de Bora. Il tentait de prendre le premier vol, mais nous n’avons pas encore de ses nouvelles.

– J’imagine que vous l’avez appelé.

– Oui, Monsieur ! Mais nous n’avons qu’un numéro de portable, et …

– Je sais ! L’administration ne nous a toujours pas accordé de ligne pour appeler en dehors de la Polynésie.

Un soupir avait ponctué sa phrase. Pas de marque d’énervement, juste une certaine lassitude. Une respiration plus tard, il avait tranché.

– On ne peut plus attendre. On y va !

  • Communiqué
  • Se procurer le roman : Aux Éditions du Cordeau en format papier ou ebook : C’est par là ou À commander chez les libraires (distribution Hachette) / Et bientôt chez Amazon, Le Furet du Nord,… …