Une famille citadine française vient d’achever de dîner d’un lapin à la moutarde et d’une tarte aux pommes dont le four se souvient encore.
Madame achève de récurer la cocotte en fonte. Sa journée a été bien remplie : organiser le petit déjeuner pour que tout le monde puisse débuter la journée du bon pied, accompagner les enfants à l’école, faire le ménage et ranger la maison, quelques courses faites à la hâte au magasin « SPAR » du coin de la rue, un peu de couture, s’occuper des devoirs des enfants à leur retour… Elle a tout juste eu le temps de préparer le dîner et de mettre la table avant que son contremaître de mari ne rentre du travail. Le pauvre, il a eu une rude journée !
Elle aurait bien aimé travailler dans des bureaux, mais il ne lui en a pas donné l’autorisation. Elle a tout de même de la chance, il est gentil, il lui donne suffisamment d’argent pour qu’elle puisse s’occuper de la maison ; elle parvient même à faire quelques économies. C’est un mari moderne : il l’aide souvent à essuyer la vaisselle !
Elle est fière de sa cuisine toute fraîchement équipée : une table, des chaises et des placards en formica aux couleurs acidulées, un robot « Moulinex », une cuisinière à gaz « Arthur Martin », et un transistor sur un réfrigérateur « Frigidaire ».
Mais, où sont donc le four à micro-ondes, et le congélateur ?
Sur la table basse du salon, un vieux numéro de « L’équipe » titre sur la victoire de Bahamontès qui a remporté cet été le « Tour de France », au désespoir des supporters d’Anquetil. « France-Soir » annonce l’entrée en vigueur du Marché Commun, et le magazine « Paris Match », sous sa devise, « Le poids des mots et le choc des photos», met à l’honneur une B.B. radieuse.
Des voix s’élèvent sur les incidences des premiers mois de pouvoir de Fidel Castro à Cuba. Il est un peu plus de 20H30, ce foyer fait partie d’une minorité de français équipée d’une télévision.
Le couple s’installe devant ce meuble massif qui fait face au canapé, et regardent, en noir et blanc, sur la 1re et unique chaîne de télévision, l’émission à ne surtout pas rater : « Cinq colonnes à la une! ».
Plus tard dans la soirée, ils feront peut-être jouer un tourne-disque pour entendre chanter, Brassens, Brel ou Edith Piaf.
Dans leur chambre, les garçons ne savent pas encore ce qu’est un mp3 ou un jeu vidéo. Point de téléphone portable aux sms illimités, encore moins question de Smartphone, pas même d’ordinateur personnel ou de tablette numérique, pas de boîte mails.
S’il est bien naturel qu’ils se soient montrés indifférents à la naissance de la poupée « Barbie », ils s’arrachent le journal « Pilote » tant ils sont pressés de lire les aventures de leur héros préféré : « Astérix le gaulois ».
Le plus jeune d’entre eux mange en cachette des fraises « Tagada », ces nouveaux bonbons qu’il a chipés chez le boulanger en rentrant de l’école.
Aujourd’hui dans les rues de Paris, le nombre de vélos a pu concurrencer, pour quelques temps encore, celui des voitures. Si les lignes de ces dernières défient les lois de l’aérodynamisme moderne, les Simca, Panhard, Citroën, et même les célèbres « 4 chevaux » ou Juvaquatre de Renault, ont toute une identité singulière et déjà des inconditionnels.
Elles ne se doutent pas encore que les toutes prochaines reines de la route seront les 2CV, 4L et… DS.
Cette année, après avoir fait les « Les 400 coups » à Saint-Germain-des-Prés, les cinéphiles sont « À bout de souffle ». À peine le temps d’un regard sur « Le testament d’Orphée », et ils se sont précipités, « La mort aux trousses », pour suivre la course de chars oscarisée de « Ben Hur ».
À la scène comme à la ville, l’été fut torride. Les femmes succombaient devant « Le beau Serge », tandis que les hommes fantasmaient sous le charme de Brigitte Bardot… Seul un petit nombre connaît déjà Marilyn Monroe.
Les vendanges se sont achevées dans le bordelais. Bonne nouvelle ! 1959 sera un millésime exceptionnel.
Mais bon, tout cela n’est bien sûr que pure imagination, et toute ressemblance avec une époque et des personnages ayant existé ne pourrait être que fortuite et accidentelle, car je vous parle d’un temps que les moins de 55 ans ne peuvent se remémorer.
Et ouf, aujourd’hui je n’en ai que 54 !
***
Mon billet d’humeur : c’est un clin d’oeil, une brève de comptoir, une réflexion captée dans l’instant. Vous avez aimé ? Alors partagez-le, et incitez vos amis à s’inscrire sur https://launayblog.com/, et ne ratez pas celui de la semaine prochaine !
Contenu Launayblog sous protection CopyrightDepot.com
















Vous devez être connecté pour poster un commentaire.