Comment ne pas évoquer, parmi les grandes figures fantastiques de la Mythologie grecque, ces géants dotés d’un seul oeil fiché au milieu du front : les Cyclopes ? Mais attention ! Il ne s’agit pas de confondre. Il y a Cyclopes et Cyclopes. Il y a les ouraniens, les forgerons, les bâtisseurs, et enfin les pasteurs. Ce sont ces derniers qui nous intéressent, et plus particulièrement Polyphème. C’est lui qui croisera la route du héros grec, Ulysse.
Connus pour leur force, sauvages et asociaux, les « pasteurs » incarnent la génération de Cyclopes la moins intelligente. Ils habitent dans des cavernes à la pointe Ouest de la Sicile, ne pratiquent pas l’agriculture, ne naviguent pas. Ils se contentent de vivre de l’élevage des moutons. Ils mangent du fromage, de la viande, et sont anthropophages.
Ulysse mit pied-à-terre avec douze de ses hommes. Ils découvrirent une large caverne, et de nombreuses victuailles. Sans se préoccuper de l’existence du propriétaire de l’endroit, ils s’installèrent et se remplirent la panse. À son retour, Polyphème les enferma dans la grotte. Le soir même, il dévora deux compagnons d’Ulysse, et deux de plus le lendemain matin.
Afin de tromper la vigilance de Polyphème, le rusé Ulysse lui fit alors boire une pleine barrique de vin. Avant de s’assoupir, le Cyclope demanda son nom à Ulysse. Le héros grec lui répondit alors : « Personne ». Dès que Polyphème fut endormi, Ulysse et ses hommes utilisèrent un pieu enflammé pour crever l’œil du géant.
Attirés par ses cris de douleur, les autres cyclopes se précipitèrent chez Philomène.
- Mais qui donc t’a percé l’oeil ? Lui demandèrent-ils
- Personne ! Répondit Polyphème. Personne, répéta-t-il à plusieurs reprises avec véhémence.
Devant cette réponse et craignant une réaction violente de Polyphème, les Cyclopes rentrèrent dans leur grotte et le laissèrent seul.
Le lendemain matin, Ulysse et ses hommes s’accrochèrent sous les moutons de Polyphème pour s’échapper au moment où le Cyclope sortirait son bétail. Touchant le dos de ses moutons pour les compter et vérifier que ses prisonniers ne s’évadaient pas, Polyphème ne s’aperçut pas de la supercherie.
Par provocation, une fois sur son bateau, Ulysse invectiva le Cyclope et lui cria sa véritable identité. Fou de colère, Polyphème tenta, mais en vain, de couler le navire d’Ulysse en lançant des blocs de rocher en direction de la voix du héros grec.
Au cours des âges, les philosophes firent différentes interprétations du Mythe des Cyclopes conté par Homère dans l’Odyssée. Dans l’Antiquité, ils furent le symbole de « la fureur sauvage, propre à chaque homme », celui « du démon de son horoscope natal », et aussi le symbole de « la cavité du cœur, car c’est là que naît la fureur ». Plus proche de l’ère moderne, le cyclope représente « le sens vulgaire de l’homme ». Enfin, le philosophe Victor Bérard nous offre une interprétation bien plus rationnelle. Il y voit une forme d’anthropomorphisme des volcans : « Le Cyclope est une montagne qui hurle, engouffre, vomit et lance des rochers. C’est un volcan à l’œil rond (le cratère) ».

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