Dans la mythologie grecque, Narcisse, jeune homme d’une beauté exceptionnelle, avait toutes les femmes et tous les hommes à ses pieds. Mais de caractère très fier, et pouvant même être cruel envers ses prétendants, il n’en avait cure. Il était si épris de sa propre image qu’il en tomba amoureux. Un jour, alors qu’il se penchait sur une source d’eau claire, il aperçut son reflet et resta figé, subjugué par sa beauté. Obnubilé par son image, il ne mange plus, ne dort plus, et meurt par sa vanité et son amour-propre démesuré. Sur les lieux de sa disparition poussa une fleur blanche, symbole de la vanité, que l’on dénomma Narcisse.
Outre les traditionnelles dissensions sur sa filiation, son lieu de naissance, et sur d’éventuelles punitions célestes, d’autres versions datant de l’Antiquité ou de l’ère moderne se sont montrées plus rationnelles, voire plus ambitieuses, que celle qui nous est parvenue des textes mythologiques. Voici trois d’entre elles qui pourraient vous intéresser.
- Selon Pausanias (450 av. JC), Narcisse aurait été amoureux de sa sœur jumelle, morte dans la fleur de l’âge. Il se rendit alors tous les jours près d’une source. En se regardant lui-même dans l’eau limpide, il se consolait en retrouvant dans son propre reflet les traits de sa sœur. Rationaliste et tentant de rendre crédible cette histoire transmise par la tradition orale, Pausanias n’omit pas de souligner que la fleur nommée narcisse existait, et s’appelait déjà ainsi, bien avant la création de ce mythe ;
- Le psychothérapeute Thomas Moore ( Le soin de l’âme paru en 1993), nous a depuis offert une interprétation toute particulière de ce mythe. Narcisse serait préoccupé de sa beauté mais n’en aurait pas pleinement conscience. Tout au contraire, en perpétuelle recherche de reconnaissance d’autrui, incapable de s’aimer lui-même, il ne peut s’engager dans une relation. La symbolique du Mythe est alors limpide. C’est en se trouvant beau à la vue de son reflet dans l’eau qu’il se suicide et se transforme en fleur ;
- Le philosophe Fabrice Midal, (Narcisse n’est pas égoïste paru en 2019), a une approche plus radicale. Pour lui, « La nécessité de s’aimer a été progressivement condamnée par la dictature des sociétés occidentales contemporaines dans le but de s’oublier et de rationaliser son temps d’existence pour produire davantage. Le Mythe de Narcisse nous invite au contraire à prendre le temps de regarder à l’intérieur de nous, pour chercher, à travers la beauté, le sens profond de notre existence ».
Il n’en reste pas moins que l’on dit aujourd’hui d’une personne qui s’aime à outrance qu’elle est narcissique. Centrée sur elle-même, elle se ferme au monde extérieur jusqu’à dépérir dans une existence vaine.
À demain pour l’évocation d’un nouveau Mythe tout droit sorti du grand voyage d’Ulysse !

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