Du souci à se faire pour le Brésil ?


À Isabelle, Mathilde, Pauline et Clément

Le Brésil est un pays qui est tout particulièrement cher à mon coeur.
Dimanche dernier était jour d’élections dans ce pays d’Amérique du sud aux 206 millions d’habitants, 5 fois plus grand que la France. Élections parlementaires, fédérales, mais aussi présidentielles. Et dans 15 jours, les urnes brésiliennes rendront un verdict lourd de conséquences pour les brésiliens.

Dimanche dernier, avec plus de 46% des votes au 1er tour des présidentielles, un candidat d’extrême droite est aux portes du pouvoir.
Là-bas, les résultats ne sont pas tronqués par les abstentions. Non ! Pour la grande majorité des brésiliens, le vote est obligatoire.
Alors quoi ? Le peuple se laisserait-il soudainement abusé par un habile politicien ? Non ! Son entourage et lui-même ne se cache pas derrière des formules ampoulées ou trompeuses. Le message est sans équivoque. Les promesses sécuritaires, du tout libéral économique, et de retour à l’âge d’or, sont affichées comme le seraient des gros titres à la « Une » des journaux. Un « Travail, Famille, Patrie » sud-américain, le tout mâtiné de propos xénophobes, racistes, sexistes et homophobes, totalement assumés.

Le discours séduit au point de convaincre toutes les couches de la population. Certains, parce qu’ils n’ont rien à espérer, d’autres, parce qu’ils ont tout perdu, et d’autres encore qui ont peur de perdre un peu plus.
Oh bien sûr, il y a chez certains la volonté de procéder à un vote sanction contre les partis «traditionnels» qui ont gouverné aux mieux de leurs intérêts. Le dernier en date ? Un parti de gauche gangrené par les affaires et la corruption traînant, tel un boulet, un ex président marron emprisonné, et désormais aussi honni qu’il fut adoré par les 2/3 de la population. Un vote sanction pour lequel, hélas, il ne faudra pas attendre bien longtemps avant de savoir qui sont en fait les dindons d’une mauvaise farce.

Alors, oui ! Le pays est plongé dans une crise financière, économique et identitaire. Alors, oui! La violence, un temps dissimulée comme des grains de poussière sous un tapis, Jeux Olympiques et Coupe du monde de football obligent, renaît tel le phénix de ses cendres.
Alors, oui ! Le Brésil, pays promis il y a peu à la 5è place des puissances économiques mondiales, est à la dérive.
Mais est-ce pour autant une raison de se jeter dans la gueule d’un bien triste loup ? Le Brésil a encore bien des atouts !

Nous le savons bien : la misère, la peur, la colère et la déception, voici les ingrédients bien connus sur lesquels s’appuient les extrêmes et les pires dictatures.
Dans ce contexte de montée de l’extrémisme et du nationalisme, l’Europe est d’ailleurs plutôt « bonne » élève : l’Autriche, la Hongrie, la Suède, la Norvège, la Bulgarie, l’Italie, la Slovaquie, le Danemark,.. Aujourd’hui, ce sera au tour de la Bavière d’apporter son lot supplémentaire sur les bancs du Bundestag… Et en France ? Me direz-vous… On connaît malheureusement les résultats des dernières présidentielles.

Alors, du souci à se faire pour le Brésil ? Non ! Du souci à se faire pour toutes les démocraties libérales dites occidentales, telles qu’elles sont confisquées par les partis gouvernants.

*****

L’illustration de ce billet d’humeur par Didier Regard 

Radicocratie
C’est peut être notre survie ?

Comme nous sommes incapables
De trouver l’amiable

Entre, rigidité
Et liberté

Les extrêmes prospèrent
Sans jachères

Utilisant l’homme et ses faiblesses
Dans le limon de ses bassesses

Il nous faut réinventer
Une politique sans piété

Loin de l’océan des peurs
Où l’humain n’a pas sa demeure

C’est dans cet élan qu’il nous faut surseoir
A ceux qui usurpent notre vouloir

Comme de présenter des messies espérés
Qui montrent le bout de leur nez

C’est nous qui devons
Répondre en notre nom

À cette nouvelle création
Qui portera un nouveau nom

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2 Commentaires

  1. Les « partis de gouvernement » et les « élites » : deux mots significatifs de l’arrogance aristocratique des « professionnels » de la politique, qui renvoient, tout ce qui n’appartient pas à leur petit club fermé, à la géhenne.
    Comme aux pire moments de la monarchie, leur incompétence et surtout leur inefficacité démontrée sur les, disons, 40 dernières années, ne réduisent en rien leur prétention.
    Ainsi quand le peuple, avec tout le bon sens qu’il peut avoir quand il s’est libéré de la drogue complice des média, veut « essayer » une autre équipe, nos « professionnels » crient « casse cou ».
    Ils commencent par mettre en garde contre les candidats « issus de la société civile ». Ah bon, le professionnel de la politique appartiendrait-il à une caste supérieure au citoyen ? Religieuse peut-être ou d’essence supérieure sinon divine ?
    Puis quand cela commence à sentir le roussi pour eux, ils stigmatisent leur nouveaux adversaires : « populiste » étant l’adjectif le plus employé, qui leur évite de faire la moindre démonstration (dont ils sont bien incapables). Au lieu de constater leur échec et proposer une autre politique, ils insultent leurs opposants.

    Oui, mais dira-t-on, le discours assumé de l’extrème droite est dangereux. Certes, mais le discours bisounours des professionnels de la politiques l’est tout autant. Il est simplement à 180° du précédent.
    Et si quelques années de gouvernement d’extrême droite permettaient de corriger les abandons des décennies précédentes ? Histoire, ensuite de revenir à un peu de bon sens et de raison ?

    Pas plus que les peuples européens, nos amis brésiliens ne peuvent échapper à cette force gravitationnelle du bon sens. Les Collor, Lula et autres Rousseff les ont vaccinés contre les professionnels de la politique (cf la carrière politique de Collor…)
    Et pour tout dire, je suis confiant dans la fantastique adaptabilité des brésiliens : ils ont montré, par le passé, qu’ils savaient rapidement brûler ce qu’ils avaient adoré peu de temps avant, quand ils étaient déçus.
    Alors, et si le Brésil, montrait la voie à l’Europe. Beau clin d’oeil et retournement de l’Histoire.

    Je suis parfaitement conscient de l’extrême longueur de mon commentaire, et du risque qu’il puisse être mal interprété par des personnes que j’estime beaucoup. Mais de temps à autre cela fait du bien de se lâcher. Alors merci à Pascal de m’en procurer l’occasion

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    • Je comprends et je souscris à l’esprit de ton commentaire. Il est urgent que nos démocraties soient le théâtre d’un bon coup de balai, et que le bon sens et la compétence prennent enfin le pas sur ce que certains auraient qualifié de « chienlit ».
      Cependant, Mr Borsolano, son proche entourage, et les 20% de personnes qui forment son socle électoral historique sont franchement peu recommandables. De la veine de certains dictateurs sud-américains tristement célèbres, et n’ont rien de commun avec la plupart des partis européens « policés » (sans jeu de mots) d’extrême droite. Les nouvelles qui arrivent du Brésil (et pas uniquement celles diffusées par la presse) sont franchement inquiétantes.

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