Toute vérité n’est pas bonne à dire (proverbe français du XIIIè siècle)


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Voilà un proverbe bien connu, qui devrait balayer rapidement les doutes que l’on pourrait naturellement avoir en certaines circonstances … « Le dire vrai est dangereux ».
Pourtant, dire la vérité n’est-ce pas être honnête avec les autres ? Dire la vérité plutôt que mentir ; dire la vérité plutôt que de paraître hypocrite ; dire la vérité plutôt que choisir son côté obscur, la manipulation… Oh oui, quelle vertu que celle d’être franc et authentique !

Note de l’auteur (enfin, … note de moi) : J’arrête immédiatement les esprits brillants, adeptes des parallèles saisissants. Non ! Loin de moi l’idée d’illustrer dans ce billet d’humeur l’actualité française dont on nous rabat les oreilles. Mon propos tutoie des hauteurs que la politique ne saurait atteindre …

Déjà dans la Bible – c’est dire – , le décalogue semble tout à fait clair à propos de la Vérité et du mensonge. On nous enseigne depuis si longtemps la nécessité de dire la vérité, que l’on pourrait croire que le mensonge est l’une des pires inclinations du genre humain. Qui sait, peut-être même est-ce son drame absolu.
À moins que … À moins que toute vérité ne soit pas bonne à dire tout simplement parce que le problème est qu’une vérité pour l’un n’est peut-être pas celle de l’autre ; parce que ce qui peut paraître la vérité est biaisée par des filtres et des croyances propres à chacun. Ainsi, il pourrait n’être pas certain que notre vérité soit la réalité. Et somme toute, le réel n’est-il pas le pire ennemi de la pensée humaine ? À chacun son monde pourrait-on alors dire…

Mais trêve de ces considérations altières, retour à des réflexions plus terre à terre – bah mince, voilà maintenant que j’écris des alexandrins ! – : pour que les relations sociales soient harmonieuses, il vaut mieux user de tirades judicieuses – et hop, un autre alexandrin ! je vais finir par rendre jaloux mon compère Didier Regard – enfin, vous l’avez sûrement compris, dans bien des cas tourner sa langue 7 fois dans sa bouche avant de dire ce que l’on pense peut éviter bien des tracas.
Cela s’appelle « l’inhibition sociale ». Mais jusqu’où faut-il se retenir ? Jusqu’où faut-il se perdre soi-même ? Il faut bien se l’avouer, la frontière est ténue.
Alors, soyons honnêtes ! Si en de nombreuses circonstances on observe de la retenue, c’est pour des raisons bien précises :
– En se comportant ainsi, certains ne cherchent qu’à avoir la paix. En évitant l’impolitesse ou l’agressivité, aucun risque de choquer son interlocuteur et aucune crainte d’être exposé à des retours de flammes ravageurs. À moins, j’y pense tout à coup, qu’il ne s’agisse simplement de gens gentils … Si, si, il en existe.
– D’autres, dans une démarche plus ou moins consciente cherchent à conforter l’estime de soi à travers l’approbation des autres. Ah, que ne ferait-on pour trouver un peu de confiance en soi !
– Et puis chez d’autres encore, cette attitude libère une éventuelle peur de voir compromise la quête de leur graal et/ou l’appauvrissement de leurs relations amicales… Encore que, dans ce dernier cas, il faut grandement se méfier des soirées arrosées entre amis. Et oui, comme chacun sait, l’alcool est un désinhibeur puissant pour celui qui ne serait entraîné ! Il parait même qu’en la matière, grâce à ses bulles accélératrices de la circulation de l’alcool dans le sang, le champagne est le meilleur breuvage qui soit.

Waouh ! Et bien moi, je dis que la vie est trop courte pour être triste et inhibée : Tournée générale et champagne pour tout le monde !

Le sujet vous semble trop sérieux pour picoler ? Pour lire l’article de Fanget Frédéric, « De l’inhibition sociale à l’anxiété sociale », Le Journal des psychologues, 1/2007 (n° 244), p. 24-28, Cliquez ici

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Et toujours, l‘inspiration de Didier Regard

Penché
Sur la Vérité
J’ai failli tomber

Dans le puits sans fond
D’un arbitraire sans leçon
D’un souvenir à ma façon

L’interrogation ?
La mienne, la tienne, c’est la question
Surtout pas celles des cons !!! 

… Découvrez la suite et tous les tercets de Didier Regard

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4 Commentaires

  1. Très intéressant, Pascal !
    Dans tout comportement guidé par la politesse : Il y a 2 versants un peu contradictoires :

    – Nous faisons preuve d’égard pour l’autre (c’est ce qu’on appelle « la politesse du cœur »)
    – Du même coup, nous montrons qu’on a des manières (…quelquefois « contrairement à d’autres, qui – eux – n’en auraient pas »…).

    Ainsi, l’usage de la politesse nous permet d’émettre au moins deux messages simultanés : « J’ai des égards pour l’autre » et « Avez-vous remarqué à quel point je suis civilisé ? ». Avec, luxe suprême, la possibilité de se rengorger – avec une mine d’angelot, la main sur le coeur – si d’aventure on nous cherche des poux dans la tête à ce sujet…

    Quelle subtilité, tout de même : la politesse est donc un outil qui nous permet d’exprimer aussi bien notre grandeur d’âme que notre très médiocre mesquinerie. Sans compter qu’entre ce qui est exprimé et ce qui est reçu… mais enfin, tu as également très bien traité des questions des différentes « cartes du monde » dans ce même billet 😉

    La politesse possède par ailleurs l’avantage (…ou l’inconvénient, toujours pareil…) de nous servir à nous positionner les uns par rapport aux autres. C’est pour cela que le principe de la politesse est souvent remis en cause dans un contexte révolutionnaire, entre autres…

    Quand on dit « Merci », « Pardon » ou même « Bonjour », c’est une manière de montrer qu’on reconnaît l’autre. Qu’on reconnaît son existence… voire son statut. Ou encore qu’on ne le reconnaît pas, si l’on s’abstient…

    Toute vérité est-elle bonne à dire ? Pour ce qui me concerne, je m’efforce généralement de dire la vérité… tout en prenant l’entière responsabilité des termes que j’emploie, et en évitant de traiter les oreilles des autres comme des poubelles. Ce n’est pas toujours facile, mais bon, je fais ce que je peux dans ce sens-là, dans la mesure de mes moyens.

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    • Une bien intéressante contribution ; comme j’aurais aimé avoir l’idée d’insérer ce concept de « politesse » dans mon billet !
      Tu m’as donné l’envie de consulter le Littré pour en trouver la définition, et je n’ai pas été déçu … Ton commentaire en est une remarquable exégèse. Chapeau bas !

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  2. Merci Pascal. En fait, mon commentaire était en grande partie inspiré par le souvenir d’une émission diffusée sur France Cu (je ne sais plus qui c’est-y qui causait dans le poste d’ailleurs) quelques jours avant ton billet. Mon mérite n’est donc pas si grand 🙂
    Et puis tu n’as peut-être pas parlé de politesse dans ton billet, mais en fait si, d’une certaine façon, en creux, puisque tu as évoqué l’impolitesse…
    Quant aux histoires de vérité et de mensonge, as-tu vu passer ceci? (‘scuse pour l’auto-promo éhontée, hahahaha!).

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