Emploi : une journée au salon


Séraphin alias Gaston

Séraphin alias Gaston

 

Jeudi dernier se tenait le 2è salon « Jeunes d’avenirs » de Marseille, un salon destiné aux moins de 25 ans à la recherche d’un emploi, d’un stage, ou d’une formation en alternance. 5.000 jeunes s’y étaient inscrits.
Outre les stands qui leur permettaient de découvrir les entreprises de la région, ils disposaient également d’ateliers où des bénévoles les attendaient. Des bénévoles oui, mais pas des donneurs de leçons ou des automates « sachants ». Des hommes et des femmes transmetteurs de compétence, des passeurs d’expérience.
De la création d’un CV à sa saisie sur ordinateur, de conseils personnalisés à des séances de coaching, du remplissage d’un dossier Pôle-emploi à la découverte des aides pour créateurs d’entreprise, tous les participants étaient à leur disposition pendant une journée. Cela tombait plutôt bien, tant ces jeunes avaient avant toute chose un grand besoin d’écoute.

Aucune classe sociale ne manquait à l’appel ; tous les niveaux, tous les profils … et aussi tous les caractères avaient répondu à l’invitation: une jeune femme ayant arrêté ses études après trois « secondes » et visiblement mal orientée, voire pas orientée du tout ; une autre, BAC+4, spécialisée dans le nucléaire et désirant bifurquer vers des énergies renouvelables ; un jeune homme charpentier de métier venu chercher un patron « loyal» ; un pâtissier révolté ; une caissière de vocation ; une ingénieur chimiste venue s’excuser d’avoir deux jumeaux en bas âge ; … Les écouter sans juger, dégager leurs atouts, les orienter, générer en eux de la confiance : voilà quelle a été notre démarche dans l’espoir de pouvoir leur être utiles.
Au cours de cette journée, j’ai été sidéré de voir l’atelier CV ne pas désemplir tellement j’étais naïvement persuadé, qu’à notre époque, on leur avait au moins appris à faire un CV … J’ai été parfois ému de voir certains jeunes totalement perdus et n’osant pas aborder des personnes qui leur étaient pourtant dédié… Mais une fois le contact établi, j’ai surtout été ébahi, emballé, revigoré, de voir leur détermination.

Et puis, et puis il y eut Séraphin. Un physique à la Gaston Lagaffe, un jeune homme dont l’allure trahissait tout à la fois son égarement et une sorte de retenue. L’on eut cru qu’il s’approchait tout en redoutant de se faire surprendre, comme l’on se brûle au contact d’une plaque de céramique sournoise. Il était venu au salon croyant être dans une annexe de Pôle-emploi. Oh, il n’était pas entré par hasard ! C’était bien du travail qu’il était venu chercher.
Fraîchement sorti de trois années passées en prison, son agent probatoire lui avait certainement dit que ce serait mieux pour son dossier qu’il puisse annoncer au juge, dès le lendemain, qu’il avait du travail… ou tout au moins, qu’il en cherchait. Il était sincère, et il en cherchait vraiment. Sans doute était-il persuadé au fond de lui-même qu’il n’en trouverait pas, mais il était là. Pris en main par un coach, et même deux, sans le savoir, il était arrivé au bon moment, au bon endroit, devant les bonnes personnes. Tout étonné d’être traité humainement, il est reparti deux heures plus tard, fort de trois rendez-vous, et n’omettant pas de revenir saluer les personnes qui l’avaient pris en main.
Au moment de sortir du grand hall, il n’a pu s’empêcher de se retourner. Une façon sans doute de se pincer, pour s’assurer qu’il ne rêvait pas.

À la fin de la journée, visite rapide des « Huiles du ban » … euh… plutôt de « l’arrière-ban ». Arrêt sur quelques stands, le temps d’une photo et d’un verbatim millimétré, histoire de fournir à une journaliste stagiaire de quoi agrémenter d’une citation la feuille de chou locale. Impossible d’échapper aux discours lénifiants. Chaque organisme à ses quelques minutes de gloire et prononce quelques mots pour souligner « son engagement dans le combat pour l’emploi ». Dame ! C’est tellement important l’emploi des jeunes. Tellement important que Monsieur le Maire est représenté par …, Monsieur le Président de Région par Monsieur le Directeur aux … lui-même représenté par le directeur de … et représentant également la … Si, si ! Une priorité, l’on vous dit.
Mais tout ceci n’a que très peu d’importance. Lundi, Séraphin aura un job, et si ce deuxième salon des « Jeunes d’Avenirs » de Marseille confirme les résultats de celui de l’année dernière, c’est plus de 4.600 emplois qui auront été pourvus en moins de deux mois. Comme quoi, elle existe la France qui se bouge !

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L’inspiration de Didier Regard

Tu cherches ton stalker
Pour être enfin d’équerre

Pour être bien socialisé dans la vie
C’est ce que tes parents t’ont dit

Avoir sa famille, un bon job
Tu cherches le bon hub

Dans cette « aérovie » géante
Avec une gueule béante

Prête à engloutir les moins bons
Comme si c’étaient des bonbons

Toujours être dedans
Même en se contondant

Et, tu attends le passeur
Qui limitera ta sueur

Pour devenir ce qu’on veut de toi
Sans te demander : Pourquoi ?

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3 Commentaires

  1. La lecture de ce billet m’a donné la pèche pour toute la semaine à venir ! Merci Pascal.
    Quand au Maire, au Préfet et autres immensités de cette Haute Administration que le monde entier nous envie, ils étaient trop occupés à organiser un bon déroulement de l’Euro de foot, pour s’occuper de l’emploi. Remarque, vu leur incompétence et leur arrogance sur le l’Euro de foot, vaut sans doute mieux qu’ils ne s’occupent pas de l’emploi !

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  2. Bravo Pascal pour ce billet, bien à ton image. C’est simple, chaque fois que je te lis, j’ai l’impression que je te vois parler… c’est tout dire 🙂

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    • Bernard, Merci pour ce commentaire.
      Je suis saisi par moment d’un doute : continuer ou pas d’écrire ces billets… Et c’est en lisant certaines réactions que je trouve l’énergie, et surtout l’envie, de poursuivre. Merci d’être là dans ces moments.

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